Le groupe américain Disney est réputé pour la lutte sans pitié qu'il mène contre les contrefacteurs. Ses bataillons d'avocats bataillent pied à pied contre toute utilisation frauduleuse des personnages qui ont fait sa fortune [...]
Mais lorsque le Mouvement de la résistance islamique Hamas a choisi de cloner Mickey, pour animer une émission de propagande à destination des enfants [... Disney] s'est bien gardé de réagir.
Le gouvernement israélien, nombre d'organisations humanitaires, juives et non juives, la presse internationale et même le Fatah ont protesté contre la marionette Farfour - un clone de Mickey - qui, tous les vendredis après-midi, dialogue avec une petite fille nommée Saraa sur la chaîne Al-Aqsa, contrôlée par le Hamas. Le programme s'appelle "Les Pionniers de demain" et les propos sont rarement anodins : "Tu ne dois pas oublier tes prières et te rendre à la mosquée cinq fois par jour. Et tu dois te mettre dans les premiers rangs jusqu'à ce que nous gouvernions le monde", insiste Farfour. Ou bien : "Telle est la volonté d'Allah, ce pays, ses enfants, ses hommes et femmes, ses vieillards, nous vaincrons, nous vaincrons Bush, nous vaincrons Sharon ! Ah, Sharon est mort ! Nous vaincrons Olmert ! Nous vaincrons Condoleezza..."
Diane Disney Miller, fille de Walt Disney, s'est insurgée à plusieurs reprises dans la presse américaine contre "l'endoctrinement des enfants. Un acte qui va à l'encontre de l'humanité la plus élémentaire". Mais le groupe fondé par son père a fait comme s'il n'entendait pas. Comme si la contrefaçon quand elle était à finalité idéologique sortait de son ressort.

Robert A. Iger, PDG de Disney, a fini par avouer qu'il avait fait volontairement la sourde oreille [...] le PDG de Disney a reconnu que le groupe "n'avait ni mobilisé ses forces, ni exigé le retrait de la marionnette, et moins encore cherché à réagir publiquement".Il ne s'agissait nullement d'indifférence. "Nous avons été épouvantés par l'utilisation qui était faite de notre personnage", a-t-il dit. "Une organisation qui exploite les enfants de cette manière ne peut susciter que le mépris",a-t-il ajouté. Mais il a estimé qu'une réaction publique ne s'imposait pas. Pour la bonne raison que cela "n'aurait rien changé", a conclu M. Iger. Un procès dans une zone de non-droit comme Gaza n'aurait guère eu de sens, a-t-il laissé entendre. Mais la crainte pourrait avoir été motrice. Un groupe qui, comme Disney, gère des parcs où circulent des millions de touristes n'a guère intérêt à attirer sur lui l'attention d'une organisation rodée à la violence. Mais, sur ce point aussi, le PDG de Disney n'a rien dit.
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Article issu du Monde (30 mai) de Yves Mamou.
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