22 octobre 2003

Les affres du Chinatown Bus

Tout étudiant qui se respecte en vient à passer par là, après avoir hurlé devant les prix abusifs du train - ici seules la première classe existe (en tout cas c'est le prix donne cette impression) - et de Greyhound, disuasifs au possible pour les budgets serrés.

On tombe, au détour d[une recherche webesque, sur le site Internet d[une société obscure dont le nom est représenté par de multiples petits signes cabalistiques.
Qu[on se le tienne pour dit : la moitié de la planète parle le chinois - pays, diaspora, et courageux étrangers qui tentent d'ingurgiter les quelques 3000 idéogrammes de l'Empire du Soleil Levant.
On clique au hasard, et par dépit sur la page qui affiche les prix des transports - non pas en Won mais bien en dollars américains. Le sens du commerce. On s'extasie sur leur légèreté... On voudrait partir tout de suite. Lorsque Greyhound propose un aller-retour Washington pour plus de $60, les Chinatown bus le font pour $30. On vous rappelle, pour votre gouverne, que l'un comme l'autre font le même trajet. On n'hésite plus, on se prévoit donc un petit week-end low cost à D.C.
Certaines compagnies proposant des départs depuis la 34ème rue, on arrive guilleret, sans le stress des multiples changements qui découlent du fait qu'on doit attendre ledit bus dans une ruelle sombre de Lower Manhattan, où tout rappelle l'Asie : des odeurs des rues aux enseignes des échoppes. On monte dans le véhicule, on s'installe comme on peut, on cale son sac dans le compartiment à bagages (attention à l'ouverture des coffres qui peut entrainer la chute d'objets), et on prie pour que le temps de voyage n'excède pas les 4h30, comme le sous entend le 'average time' inscrit sur le site.
On est content de voir que, pour un vendredi soir, la circulation semble assez fluide. Le bus fait une escale à Chinatown, avant d'avaler les kilomètres. Là, l'espace intérieur, qui semblait déjà presque comble, se remplit littéralement. De gens. De langue différente. D'odeurs. On se sent littéralement assailli par une armée qui aurait décidé de vous achever par une pollution odorante particulièrement tenace : le chou. Car le sino-américain qui se respecte, prévoit de diner dans le bus. A notre grand désespoir. On n'arrive pas à déterminer, à l'oeil, ce qui se trouve dans le plat, mais cela sent le chou à plein nez. On se cale dans son siège - notre dos en prend la forme - et on ferme les yeux dans l'attente de l'arrivée. On les rouvre sensiblement deux heures plus tard pour se rendre compte que
1. l'odeur de chou est désespérément tenace
2. on est toujours dans Manhattan, et on aperçoit seulement au lointain l'entrée du Holland Tunnel.
C'est fâcheux. On prend son mal en patience, et on regarde défiler le paysage. Les piétons qui avancent plus vite, par exemple. On a le temps de relever quelques adresses, d'admirer les affiches de pub en 4x3.
Sensiblement à la moitié du trajet, on fait une halte sur une aire d'autoroute, ce qui est là également un grand moment d'anthologie. Les voyageurs étant au bord de la famine - 3 heures de route sans arrêt -reviennent avec tout ce que le Fast Food fait de plus odorant rayon graillon. C'est impressionnant la concentration d'odeurs qu'on obtient dans un espace clos tel qu'un vulgaire bus. Avec un peu de chance, avant la fin du trajet, quelqu'un, plus affecté que les autres par le roulis du véhicule et le mélange chou-friture, tendra à rendre tout ce qu'il peut pour contribuer à son tour à l'exacerbation de la « qualité » de l'air ambiant.
Courage, on est presque arrivé. On regarde sa montre avec l'impression qu'elle vient de s'arrêter, tant elle avance peu vite. Notre dos et nos narines, seuls, savent le temps qu'on endure réellement.
Sensiblement 5 à 6 heures après notre départ sur la 34ème rue -souvenez vous comme on était guilleret - on peut enfin descendre pour admirer D.C.. Notre dos a encore la forme du siège, nos narines s'extasient sur l'air pollué par les voitures, mais on se sent mieux, tout de suite. On a juste l'air d'un vieux chiffon, ébouriffé, débraillé, cernes sous les yeux et teint pâle. Mais heureux. Et fier aussi. On est un héros : on a survécu au Chinatown bus…...

21 octobre 2003

Nostalgie : le savoir parler lorrain

Aux lorrains de coeur pour leur rappeler de bons souvenirs, et à tous les autres pour leur faire aimer la Lorraine !!! 

Flo : boucle en tout genre. Lacets, cheveux... N'a strictement rien a voir avec les flots de l'océan. Sauf si vous laissez tomber vos lacets dedans.

Chouille : rendez-vous convivial, qui précède généralement des matinées fort brumeuses.

Cheûler : faire la chouille, picoler

Cheûlard : ou chouilleur : fêtard

Schlass : couteau. Désigne également l'état second consécutif à une nuit de chouille : "Ch'uis complètement schlass"

Beûgner : abîmer. "Samedi soir, il était schlass en sortant de la chouille. Il a beûgné sa bagnole"

Beûgne : blessure.

Raoûer : zoner, draguer. "Il est parti raoûer"

Troc : bistrot

Lard : premier pilier de la culture lorraine. Posez donc la question à un jeune lorrain : "Tu préfères ton père ou ta mère ?" Il vous répondra à coup sûr : "Ch'préfère le lârd !"

Gris de Toul : vin aussi raide que les côtes de ladite ville de Toul, témoignant de la rudesse du terroir lorrain.

Vin de la Craffe : vin aussi pointu que les tours de la porte du même nom. Il affiche fièrement ses cinq étoiles et recèle une bille dans sa capsule.

Quiche : tarte aux oeufs et au lard, typiquement lorraine. Se prendre une quiche : selon les cas, se prendre une veste, une claque ou tomber.

Maurice Barrès : écrivain lorrain dont aucun Lorrain n'a jamais lu la moindre ligne et c'est tant mieux.

Ligne bleue des Vosges : vision extatique dudit Maurice Barrès, lorsqu'il cheûlait un peu trop au Gris de Toul. Il fut également très inspiré par la colline de Sion.

Georges de la Tour : maître de la peinture lorraine, dont le musée des Beaux-Arts de Nancy ne possède même pas une ébauche.

Métrolor : train de banlieue reliant Nancy, rayonnante capitale régionale, à ses lointains faubourgs (Pont-à-Mousson, Longwy, Metz etc.) - Ne pas confondre avec le Mirabellor, apéritif lorrain à base de mirabelles.

Place Stanislas : la plus belle place du monde

Gare de Metz : curiosité ethnique dans la lignée architecturale du Völkerschlachtsdenkmal de Leipzig (si vous ne connaissez pas le Völkerschlachtsdenkmal, tenez-vous en au nom : il parle de lui-même).

Ecole de Nancy : mouvement artistique nancéien rattaché au courant Art Nouveau.

Ecole de Metz : établissement éducatif où l'on apprend aux jeunes Mosellans à parler français.

Saint-Nicolas : mon bon patron, apporte-moi des macarons, des mirabelles pour les d'moiselles, et des bonbons pour les garçons.

André Rossinot : maire de Nancy élu à vie, également président du parti radical valoisien. Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas sa statue qui trône devant l'hôtel de ville, mais bien celle de Stanislas, l'un de ses prédécesseurs. Egalement surnommé : Dédé, le Gros Roro, le Bon Docteur.

Jean-Marie Rausch : maire de Metz, élu à vie, adepte du quintuple mandat comme du quintuple menton.

Gérard Longuet : sénateur, président du conseil régional de Lorraine. Toujours pas en prison.

Tramway : longtemps nommé désir... Vieille plaisanterie nancéenne.

L'Estrépu : (dit aussi "Le Répugnant") feuille locale vantant, notamment, les mérites d'André Rossinot et de la notabilité locale.

Vosges, Meuse : vastes espaces boisés, parfois montagneux, peuplés de rudes indigènes au parler massif (... vosgien) et aux coutumes résolument terriennes.

Scorpions : ils ne sont pas lorrains, mais, aujourd'hui encore, ils font toujours salle comble à Hagondange.
Still lovin' them...

Marylène Bergmann : grande figure de la culture lorraine contemporaine(avec C. Jérôme et Fabrice Luchini).

Schpatz : en français oiseau, peut aussi désigner l'organe génital masculin.

Cornet : en français sac en plastique, pour certains poche ou pochon. Pour le Lorrain, un cornet n'est pas forcément pointu, pour un cornet de glace, il précise...

Schneck : escargot ou pain au raisin.

Parigo : automobiliste pressé, persuadé d'être un As du volant et reconnaissable aux numéros de code 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et surtout 75.

Clanche : poignée de porte, il existe aussi le verbe clancher (ouvrir la porte).

Cagneux : en lorrain, ne désigne pas forcément les genoux ; signifie en général bancal ou de travers.

Stroësel : ou polonais, délicieuse pâtisserie lorraine, commune avec l'Alsace (NB : l'infâme "gâteau lorrain" vu à Paris n'existe pas en Lorraine).

Entre midi : entre midi et deux.

Schpountz : allemand.

Alsace : région voisine amie à laquelle on rattache trop souvent et à tort, la Lorraine.

Wurst (pron. vourcht) : en général saucisse, plus particulièrement saucisse rouge (cervelas).

Platt : langue germanophone parlée au nord de la Lorraine, à ne pas confondre avec l'allemand.

Metz, pour les Lorrains prononcez "mess" pour les autres "mets" : très jolie ville à seulement 320 kms de Paris (et non 800).

TGV Est : vieille légende, mais certains y croient encore.

A32 : voir TGV Est.

Knatch : caoutchouteux.

ça gets ? ( prononcez " guets " ) : ça va ?

Wi gets ? : voir ça gets ?

ça tire ! : il y a un courant d'air.

Verdun : très jolie ville à visiter pour son histoire qui ne se limite pas à la guerre de 14.

56 : numéro manquant dans notre liste de départements: 54, 55, 57...

Strasbourg : contrairement à une idée reçue, Strasbourg ne fait pas partie de la banlieue de Metz.

Permafrost : autre idée reçue véhiculée par les détracteurs de la Lorraine.

Mines de fer : pourquoi avoir fait tant de guerres pour les conserver puis les brader ainsi ? Il est vrai que faire travailler des enfants sans Sécu et sans retraite dans les mines au Brésil coûte mois cher...

A31 : long ruban autoroutier saturé faisant la liaison entre l'Europe du nord et le sillon rhodanien ; chaque année y transhument moult Allemands, Belges, Luxos, Danois, Bataves et autres Scandinaves. Attention, autoroute fortement radarisée et dangereuse !

Autoroute de la Mort : voir A31.

Melfor : sorte de délicieux vinaigre lorrain.

Grosbliederstroff : ville française en Lorraine (si ! si !).

X-villes : beaucoup de villes/villages dont le nom se termine par villes se trouvent en Lorraine (je sais : on s'en fout !).

X-ange : beaucoup de villes/villages dont le nom se termine par ange se trouvent en Lorraine (je sais : on s'en fout aussi mais ça ne serait pas juste vis à vis de l'affirmation précédente) ;

Luxembourg : le pays où l'essence est moins chère (et les clopes, et les alcools). Tout petit pays très riche où 70 000 lorrains vont travailler tout les jours pour un salaire confortable. Une sorte de Groland aux portes de la Lorraine. Dire qu'il y a un siècle, les Luxos crevant de faim venaient faire les champs en Lorraine.

Vosges : montagnes lorraines très jolies.

Celtes : bien que revendiqués comme ancêtres des bretons, ils sont aussi les ancêtres des Lorrains. Parmi les peuples celtes qui se sont installés en Lorraine, on peut citer les Médiomatriques, les Leuques et les Trévires.

Vert : contrairement à une idée reçue, ce n'est pas le gris qui prime en Lorraine mais le vert...

10 octobre 2003

Voyager aux USA à moindre frais

Envie d'aller faire un petit tour à l'extérieur de la charmante ville de New York ?

Faites donc d'abord escale sur le site Internet Priceline pour trouver un deal intéressant : avions, hotels, avions+hotel ou location de voiture. Avec Priceline, c'est vous qui choisissez le prix que vous voulez mettre pour ce que vous demandez, si un organisme l'accepte, vous partez !
Exemple, pour une chambre d'hotel, vous choisissez la ville ou vous souhaitez aller, puis le quartier ou vous voulez resider, le standing de l'hotel que vous desirez, et vous fixez votre prix ($50, pour un 3 étoiles, par ex.) Le système cherche à compléter votre requête. Si elle n'est pas acceptée par une enseigne, Priceline vous propose de changer les paramètres de votre recherche : prix, quartier, standing... pour ajuster votre demande à l'offre actuelle.
Faites attention tout de même, une fois votre demande acceptée, vous ne pourrez plus dire non !
Un bon moyen, donc, si on part à plusieurs, de s'offrir un bel hotel pour le prix d'une chambre en auberge de jeunesse.

Nota - nonon, je ne touche aucun bonus en faisant de la publicité pour Priceline, j'ai juste essayé, et trouvé le système très concluant !

07 octobre 2003

Il était une fois la New Yorkaise

Voila un petit Français tout frétillant fraichement débarqué du cocon douillet de son avion. Regardez le d'un peu plus près. Il est le roi du monde, il vient d'arriver à Manhattan... attention, on n'a pas dit New-York, la ville, encore moins l'Etat, mais bien Manhattan (hors de Manhattan intra-muros, point de salut pour le Frenchie Trendy) et le voici donc à la conquête de l'Ouest, des étoiles plein les yeux. Ou des poussières qu'il ne peut chasser. C'est selon.

Le Français qui arrive ici se dit qu'avec son charme légendaire - Oh, you are French…
Your accent is soooo cute…, Speak to me in your so romantic language!! - il va décrocher la palme du Tombeur De L'Année. Ce qui peut être vrai. Ou pas du tout. Non sans vouloir vous décourager - portez haut les couleurs des amants français, sachez pour votre gouverne que votre pédigrée ne vous ouvrira pas forcément les portes électroniques blindées du Palm de la New-Yorkaise typique, et voici pourquoi.

La New-Yorkaise aime certes le charme du Français. Jusqu'ci, me direz vous, tout va bien. Cependant, la New-Yorkaise dans toute sa splendeur n'a pas de temps à consacrer aux jeux d'O du Frenchie fraichement débarqué du cocon douillet de son avion, étoiles ou poussières dans les yeux. Car la New-Yorkaise est stressée. Et stressante. La New-Yorkaise n'a pas pour habitude de sourire. De multiples soucis égratignent le vernis de son exitence. Quelques exemples. La New-Yorkaise est stressée car

- elle est en retard au bureau.
- elle est en retard au bureau, et là, le métro vient de lui filer sous le nez
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, sa french manucure est ruinee car elle a tenté de rafistoler le talon de sa dernière paire de Prada qu'elle venait de dégoter chez Bloomingdales après des heures d'essayage, et qu'elle a tuée en voulant retenir la porte du train ouverte, cependant le métal underground a vaincu.
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, et elle peste contre le monde entier, car ce talon atrophié ruine non seulement son allure mais également l'allure de son compte bancaire saigné pour la paire en question.
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, et elle a un rendez-vous qu'elle avait consigné dans la mémoire de son Palm, mais la batterie vient de lacher : elle n'a pas eu le temps ce matin de le remettre à charger, on vient de vous le dire, elle est en retard.
- elle est en retard sur son horloge biologique, et elle le vit très mal.
- elle est en retard sur son horloge biologique, et elle le vit d'autant plus mal que ce matin, non seulement elle s'est réveillée en retard, mais en plus son dernier one-night stand s'était déjà évaporé dans la chaleur de la nuit.
- Elle est en retard et elle ne pourra donc pas aller au club de Gym aujourd'hui, et ce n'est pas comme ça qu'elle va se trouver un prince charmant qui lui assurera ses vieux jours - ou tout du moins une pension de divorce substancielle.

La liste est évidemment non exhaustive. La New-Yorkaise est cariériste, frivole, superficielle, mais tendue.

Frenchie, si la New-Yorkaise te tente toujours après ceci, il te reste à passer l'épreuve ultime, si tu t'es bien débrouillé, de la soirée en tête à tête avec la douce. La douce n'a pas le charme désuet de l'Européenne bien élevée, et peut très bien envisager de te demander d'emblée combien tu gagnes, histoire de savoir si elle rentabilise son temps en te parlant - peu lui importe alors la couleur de tes beaux yeux. Il te faudra également éprouver une certaine forme de comique de répétition qui fait grincer les dents, donne des sueurs froides et fait monter des pulsions meurtrières dans les ames les plus pures. Car la New-Yorkaise n'est pas capable d'aligner deux phrases sans lacher un 'ya know', 'I mean', 'it's like, er…... qui donne envie de lancer sur un ton sans réplique 'ya know, it's like I want you to shut up.
I mean to stay still and not say anything stupid, Okay ?'

Il faut donc du courage et des nerfs d'acier au Frenchie tout frais émoulu de son avion pour se lancer dans une croisade de Date à l'Américaine. L'abordage est facile, l'accroche l'est moins, le résultat est incertain.

L'Americaine Dream s'estompe aux première lueurs du jour, à l'heure ou le noceur plie bagage et ou la Dame plonge une main sous son lit pour y pêcher la paire de chaussure qu'elle va pouvoir porter aujourd'hui, non, pas les Prada, avant de sombrer pour quelques heures supplémentaires dans un sommeil qui ne sera point troublé par le cri strident du réveil, et qui la mettra définitivement en retard pour la journée. Ou elle aura des poussières plein les yeux, qu'elle ne pourra pas chasser.