Tout étudiant qui se respecte en vient à passer par là, après avoir hurlé devant les prix abusifs du train - ici seules la première classe existe (en tout cas c'est le prix donne cette impression) - et de Greyhound, disuasifs au possible pour les budgets serrés.
On tombe, au détour d[une recherche webesque, sur le site Internet d[une société obscure dont le nom est représenté par de multiples petits signes cabalistiques.
Qu[on se le tienne pour dit : la moitié de la planète parle le chinois - pays, diaspora, et courageux étrangers qui tentent d'ingurgiter les quelques 3000 idéogrammes de l'Empire du Soleil Levant.
On clique au hasard, et par dépit sur la page qui affiche les prix des transports - non pas en Won mais bien en dollars américains. Le sens du commerce. On s'extasie sur leur légèreté... On voudrait partir tout de suite. Lorsque Greyhound propose un aller-retour Washington pour plus de $60, les Chinatown bus le font pour $30. On vous rappelle, pour votre gouverne, que l'un comme l'autre font le même trajet. On n'hésite plus, on se prévoit donc un petit week-end low cost à D.C.
Certaines compagnies proposant des départs depuis la 34ème rue, on arrive guilleret, sans le stress des multiples changements qui découlent du fait qu'on doit attendre ledit bus dans une ruelle sombre de Lower Manhattan, où tout rappelle l'Asie : des odeurs des rues aux enseignes des échoppes. On monte dans le véhicule, on s'installe comme on peut, on cale son sac dans le compartiment à bagages (attention à l'ouverture des coffres qui peut entrainer la chute d'objets), et on prie pour que le temps de voyage n'excède pas les 4h30, comme le sous entend le 'average time' inscrit sur le site.
On est content de voir que, pour un vendredi soir, la circulation semble assez fluide. Le bus fait une escale à Chinatown, avant d'avaler les kilomètres. Là, l'espace intérieur, qui semblait déjà presque comble, se remplit littéralement. De gens. De langue différente. D'odeurs. On se sent littéralement assailli par une armée qui aurait décidé de vous achever par une pollution odorante particulièrement tenace : le chou. Car le sino-américain qui se respecte, prévoit de diner dans le bus. A notre grand désespoir. On n'arrive pas à déterminer, à l'oeil, ce qui se trouve dans le plat, mais cela sent le chou à plein nez. On se cale dans son siège - notre dos en prend la forme - et on ferme les yeux dans l'attente de l'arrivée. On les rouvre sensiblement deux heures plus tard pour se rendre compte que
1. l'odeur de chou est désespérément tenace
2. on est toujours dans Manhattan, et on aperçoit seulement au lointain l'entrée du Holland Tunnel.
C'est fâcheux. On prend son mal en patience, et on regarde défiler le paysage. Les piétons qui avancent plus vite, par exemple. On a le temps de relever quelques adresses, d'admirer les affiches de pub en 4x3.
Sensiblement à la moitié du trajet, on fait une halte sur une aire d'autoroute, ce qui est là également un grand moment d'anthologie. Les voyageurs étant au bord de la famine - 3 heures de route sans arrêt -reviennent avec tout ce que le Fast Food fait de plus odorant rayon graillon. C'est impressionnant la concentration d'odeurs qu'on obtient dans un espace clos tel qu'un vulgaire bus. Avec un peu de chance, avant la fin du trajet, quelqu'un, plus affecté que les autres par le roulis du véhicule et le mélange chou-friture, tendra à rendre tout ce qu'il peut pour contribuer à son tour à l'exacerbation de la « qualité » de l'air ambiant.
Courage, on est presque arrivé. On regarde sa montre avec l'impression qu'elle vient de s'arrêter, tant elle avance peu vite. Notre dos et nos narines, seuls, savent le temps qu'on endure réellement.
Sensiblement 5 à 6 heures après notre départ sur la 34ème rue -souvenez vous comme on était guilleret - on peut enfin descendre pour admirer D.C.. Notre dos a encore la forme du siège, nos narines s'extasient sur l'air pollué par les voitures, mais on se sent mieux, tout de suite. On a juste l'air d'un vieux chiffon, ébouriffé, débraillé, cernes sous les yeux et teint pâle. Mais heureux. Et fier aussi. On est un héros : on a survécu au Chinatown bus…...
On tombe, au détour d[une recherche webesque, sur le site Internet d[une société obscure dont le nom est représenté par de multiples petits signes cabalistiques.
Qu[on se le tienne pour dit : la moitié de la planète parle le chinois - pays, diaspora, et courageux étrangers qui tentent d'ingurgiter les quelques 3000 idéogrammes de l'Empire du Soleil Levant.
On clique au hasard, et par dépit sur la page qui affiche les prix des transports - non pas en Won mais bien en dollars américains. Le sens du commerce. On s'extasie sur leur légèreté... On voudrait partir tout de suite. Lorsque Greyhound propose un aller-retour Washington pour plus de $60, les Chinatown bus le font pour $30. On vous rappelle, pour votre gouverne, que l'un comme l'autre font le même trajet. On n'hésite plus, on se prévoit donc un petit week-end low cost à D.C.
Certaines compagnies proposant des départs depuis la 34ème rue, on arrive guilleret, sans le stress des multiples changements qui découlent du fait qu'on doit attendre ledit bus dans une ruelle sombre de Lower Manhattan, où tout rappelle l'Asie : des odeurs des rues aux enseignes des échoppes. On monte dans le véhicule, on s'installe comme on peut, on cale son sac dans le compartiment à bagages (attention à l'ouverture des coffres qui peut entrainer la chute d'objets), et on prie pour que le temps de voyage n'excède pas les 4h30, comme le sous entend le 'average time' inscrit sur le site.
On est content de voir que, pour un vendredi soir, la circulation semble assez fluide. Le bus fait une escale à Chinatown, avant d'avaler les kilomètres. Là, l'espace intérieur, qui semblait déjà presque comble, se remplit littéralement. De gens. De langue différente. D'odeurs. On se sent littéralement assailli par une armée qui aurait décidé de vous achever par une pollution odorante particulièrement tenace : le chou. Car le sino-américain qui se respecte, prévoit de diner dans le bus. A notre grand désespoir. On n'arrive pas à déterminer, à l'oeil, ce qui se trouve dans le plat, mais cela sent le chou à plein nez. On se cale dans son siège - notre dos en prend la forme - et on ferme les yeux dans l'attente de l'arrivée. On les rouvre sensiblement deux heures plus tard pour se rendre compte que
1. l'odeur de chou est désespérément tenace
2. on est toujours dans Manhattan, et on aperçoit seulement au lointain l'entrée du Holland Tunnel.
C'est fâcheux. On prend son mal en patience, et on regarde défiler le paysage. Les piétons qui avancent plus vite, par exemple. On a le temps de relever quelques adresses, d'admirer les affiches de pub en 4x3.
Sensiblement à la moitié du trajet, on fait une halte sur une aire d'autoroute, ce qui est là également un grand moment d'anthologie. Les voyageurs étant au bord de la famine - 3 heures de route sans arrêt -reviennent avec tout ce que le Fast Food fait de plus odorant rayon graillon. C'est impressionnant la concentration d'odeurs qu'on obtient dans un espace clos tel qu'un vulgaire bus. Avec un peu de chance, avant la fin du trajet, quelqu'un, plus affecté que les autres par le roulis du véhicule et le mélange chou-friture, tendra à rendre tout ce qu'il peut pour contribuer à son tour à l'exacerbation de la « qualité » de l'air ambiant.
Courage, on est presque arrivé. On regarde sa montre avec l'impression qu'elle vient de s'arrêter, tant elle avance peu vite. Notre dos et nos narines, seuls, savent le temps qu'on endure réellement.
Sensiblement 5 à 6 heures après notre départ sur la 34ème rue -souvenez vous comme on était guilleret - on peut enfin descendre pour admirer D.C.. Notre dos a encore la forme du siège, nos narines s'extasient sur l'air pollué par les voitures, mais on se sent mieux, tout de suite. On a juste l'air d'un vieux chiffon, ébouriffé, débraillé, cernes sous les yeux et teint pâle. Mais heureux. Et fier aussi. On est un héros : on a survécu au Chinatown bus…...
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