Extrait du roman noir « Les Morsures de l'Aube » de Tonino Benacquista. Ou le comment du pourquoi du ce qui fait le bar new yorkais
Quand je pense que les américains ont annexé l'Europe, que leur manque de culture est devenu le nôtre, qu'ils nous ont fourgué tout leur bric-à-brac absurde, leurs fringues, leur cholestérol, leurs images, leur musique et leurs rêves. Mais tout en oubliant l'essentiel. Le bar.
Pas question de se laisser embobiner par l'Oncle Sam pour tous les irréductibles du ballon de rouge et du zinc des tabacs, les adorateurs de l'apéro, les joyeux imprécateurs du pastaga, ceux qui ont décroché le cocotier quand survient l'inespérée tournée du patron. Les Français ont inventé le café mais ils ne sauront jamais ce qu'est un bar et comment on y boit.
Le bar new yorkais, c'est le tabouret haut perché avec vue sur ce bas monde, et d'où il vaut mieux ne pas descendre. C'est le barman qui ne sait rien voir, celui qui ne déchire pas nerveusement les tickets du tiroir-caisse en attendant le pourboire, mais qui vous offre le quatrième si on se sort bien des précédents, celui qui a compris que plus on offre plus on commande, celui qui ne cherche pas à gagner en glaçons ce qu'il perd en alcool, celui qui sait dire aux turbulents : « je vous l'offre mais cest le dernier », celui qui vous propose de le suivre chez un collègue dès qu'il aura fermé.
Le bar new yorkais, c'est le cadre supérieur qui ne croit plus aux charmes du zapping, le chauffeur de taxi qui se repose des dingues en déroute, les femmes de quarante ans qui n'ont ni sexe ni âge, et tout ce beau monde s'effleure les coudes sans faire d'histoires, sans chercher à vendre son malaise, parce qu'après tout : chacun le sien.
Le bar new yorkais, c'est des verres qui se laissent peloter sans qu'on puisse les renverser comme ça, un comptoir en bois lisse où peuvent se réconcilier deux équipes de base-ball en enfilade. C'est une barre en métal qui vous cale du tangage, c'est le billet de vingt dollars qu'on pose devant soi et qui disparaît dès qu'on la éclusé. Dans un bar new yorkais, personne ne vous encourage à entrer, personne ne vous montre la porte. Dans un bar new yorkais, on ne racle pas le fond de sa poche dans l'espoir dun sursis.
Les bistrotiers parisiens ne comprendront jamais.
L'instant suivant est devenu new yorkais, ma soudaine et agréable solitude, mon verre épais et lourd, rempli d'un liquide épais et lourd, mon regard perdu dans les rangées de bouteilles, face à un serveur en veste blanche à qui on a envie de dire « le même, Jimmy. »
Quand je pense que les américains ont annexé l'Europe, que leur manque de culture est devenu le nôtre, qu'ils nous ont fourgué tout leur bric-à-brac absurde, leurs fringues, leur cholestérol, leurs images, leur musique et leurs rêves. Mais tout en oubliant l'essentiel. Le bar.
Pas question de se laisser embobiner par l'Oncle Sam pour tous les irréductibles du ballon de rouge et du zinc des tabacs, les adorateurs de l'apéro, les joyeux imprécateurs du pastaga, ceux qui ont décroché le cocotier quand survient l'inespérée tournée du patron. Les Français ont inventé le café mais ils ne sauront jamais ce qu'est un bar et comment on y boit.
Le bar new yorkais, c'est le tabouret haut perché avec vue sur ce bas monde, et d'où il vaut mieux ne pas descendre. C'est le barman qui ne sait rien voir, celui qui ne déchire pas nerveusement les tickets du tiroir-caisse en attendant le pourboire, mais qui vous offre le quatrième si on se sort bien des précédents, celui qui a compris que plus on offre plus on commande, celui qui ne cherche pas à gagner en glaçons ce qu'il perd en alcool, celui qui sait dire aux turbulents : « je vous l'offre mais cest le dernier », celui qui vous propose de le suivre chez un collègue dès qu'il aura fermé.
Le bar new yorkais, c'est le cadre supérieur qui ne croit plus aux charmes du zapping, le chauffeur de taxi qui se repose des dingues en déroute, les femmes de quarante ans qui n'ont ni sexe ni âge, et tout ce beau monde s'effleure les coudes sans faire d'histoires, sans chercher à vendre son malaise, parce qu'après tout : chacun le sien.
Le bar new yorkais, c'est des verres qui se laissent peloter sans qu'on puisse les renverser comme ça, un comptoir en bois lisse où peuvent se réconcilier deux équipes de base-ball en enfilade. C'est une barre en métal qui vous cale du tangage, c'est le billet de vingt dollars qu'on pose devant soi et qui disparaît dès qu'on la éclusé. Dans un bar new yorkais, personne ne vous encourage à entrer, personne ne vous montre la porte. Dans un bar new yorkais, on ne racle pas le fond de sa poche dans l'espoir dun sursis.
Les bistrotiers parisiens ne comprendront jamais.
L'instant suivant est devenu new yorkais, ma soudaine et agréable solitude, mon verre épais et lourd, rempli d'un liquide épais et lourd, mon regard perdu dans les rangées de bouteilles, face à un serveur en veste blanche à qui on a envie de dire « le même, Jimmy. »
Mais
déjà le ciel blanchit
Esprit je vous remercie.
De mavoir si bien reçu.
Cochers lugubres et bossus !
Ramenez-moi au manoir.
Et lâchez ce crucifix
Décrochez moi ces gousses dail !
Qui déshonorent mon portail !
Et me cherchez sans retard
Lami
Qui soigne et qui guérit
La folie qui maccompagne
Et jamais ne m'a trahi
Champagne
Jacques Higelin
Esprit je vous remercie.
De mavoir si bien reçu.
Cochers lugubres et bossus !
Ramenez-moi au manoir.
Et lâchez ce crucifix
Décrochez moi ces gousses dail !
Qui déshonorent mon portail !
Et me cherchez sans retard
Lami
Qui soigne et qui guérit
La folie qui maccompagne
Et jamais ne m'a trahi
Champagne
Jacques Higelin
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