Quand on part s’installer à New York, la fleur aux dents et la valise bourrée des mille petites choses qui nous rendront la vie plus douce, on quitte la France en disant à tous les amis « viens me voir, quand tu veux ! » et puis finalement, on se rend bien vite compte que les amis qu’on aimerait voir nous rendre visite n’ont pas le temps, et ce sont les autres, qui, peu a peu, s’insinuent dans notre appartement…
C’est ainsi qu’au détour d’une traversée webesque, on tombe sur un email un peu étonnant de Martine, qui nous lance un joyeux « Salut Dolce ! » et Martine Tartampion, ça nous dit vaguement quelque chose mais quoi ? On ouvre le mail et s’étalent devant nos yeux ébahis les nouvelles de Martine et on ne voit plus très bien d’où elle sort. Bon évidemment, on apprendra plus tard que Machin qui connaît Truc a donne au cousin de la belle-mère de Marine notre adresse email, parce que ouiiiiii, mais siiiiiii, on se connaît, on a démarré ensemble la-chenille-euh-qui-redemarre-euh au mariage de Titou il y a quatre ans. Moui. Sauf que Martine, entre temps, on l’avait reléguée au service des souvenirs perdus, parce que si quelqu’un ici apprend que j’ai dansé prie-la-chenille-euh-et-le-bon-dieu-euh, ma réputation est finie.
Enfin. Martine travaille, comme nous, comme tout le monde, et puisqu’elle est en France elle profite des RTT et de ses vacances pour, devinez quoi ? Aller a New York ! Quelle coïncidence quand même qu’elle vous retrouve juste a ce moment la ! Ah ben ça c’est une chance !
Par contre la pauvre Martine cherche désespérément un hôtel. Oui parce que tu comprends, avec Pierre-Henri, ça nous fait un peu cher de mettre $100 dans une chambre d’hôtel. Tu te rends compte, avec le prix des billets d’avion et tout, hein, c’est que ça va chercher dans les pfiouuuuu-plus-encore, des vacances comme ça ! C’est encore bien une idée a Pierre-Henri, ça, hein.
Moui. L’appel du pied transatlantique est tellement fort qu’on ne peut pas s’empêcher de soupirer en répondant poliment, comme maman nous a bien appris, tu sais, Martine, ça ne me dérange pas si tu restes à la maison avec Pierre-Henri (mais si tu parles une seule fois de cette foutue chenille du mariage de Titou, je te réexpédie en France via colis FedEx).
Evidemment, c’est toujours plus facile d’héberger Martine et Pierre-Henri si on a au moins un canapé-lit, même si « tu sais, on veut pas te déranger, on va apporter un matelas-gonflable », on sait bien qu’au bout de deux jours, on en aura marre de se prendre les pieds dedans, quand, au radar, on sera sur la route chaotique qui mène au premier café du matin.
Bon. On aura aussi droit au « c’est loin, l’aéroport, dis ? » suivi d’un « ah. Et le taxi c’est cher ? » qui nous fera nous féliciter intérieurement pour ne pas avoir de voiture. Puis au « et qu’est ce qu’il y a à faire de beau, dis ? Non parce que toi tu connais bien, tu pourrais nous guider un peu ? ».
Hum. Je ressors mon guide du routard un peu corné et toutes mes bonnes idées de promenades a New York et je donne les infos en me demandant si, si Martine a Internet, pourquoi elle ne pourrait pas googler un peu tout ça, comme ça moi je pourrais travailler aussi un chouia dans la journée, en attendant les RTT qui de toute façon n’existent pas ici. Groumpf.
Je sais aussi que j’aurai droit, pendant le séjour, aux sempiternels « et tu te souviens quand la pièce montée est arrivée et que Titou a dit… » qui me feront plaisir, certes, mais me rappelleront toujours ce grand moment d’égarement de la-chenille-euh-qui-redemarre-euh.
Bon. Je râle beaucoup, ok. Je sais quand même que je serai contente de revoir Martine Tartampion parce qu’elle aura certainement une foultitude de petits détails a me raconter sur les unes et les autres personnes qu’on a comme amis intermédiaires communs et que malgré tout, ça me fera plaisir…
Mais si Martine arrive deux jours après son Pierre-Henri avec qui elle s’est mariée entre temps et que je ne connais pas, je vais donc fatalement me retrouver avec un inconnu dans mon canapé-lit, si j’ai bien suivi, hum ?
Bon. Pour la peine, je fais mon shopping. Puisque ça me fait plaisir que les tourtereaux viennent a New York et que « tu comprends l’hôtel c’est un peu cher quand même », moi j’ai aussi quelques requêtes… : du vin, des muscats de Rivesaltes et autres baumes de Venise, de vrais gants de toilette qui ne sont pas des carres tout bêtes, des fraises Tagada pour moi, et des kinders pour mon chéri, du chocolat noir ou blanc, des livres en francais dans le texte…
Alors je sais que Pierre-Henri va rechigner en disant que je demande beaucoup, mais je sais aussi que Martine fera le calcul, puisqu’elle l’a fait pour l’hôtel, et qu’elle lui dira « mais mon choupinou, tu sais, l’hôtel, c’est vraiment plus cher »… Alors ils seront gentils et je serai une hôtesse-guide exemplaire, tant qu’ils ne me demandent pas de revoir Mama Mia pour la 12eme fois ou de faire la queue 3 heures pour aller prendre des photos en haut de l’Empire State Building !
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Un grand merci aux inspiratrices de cet article qui se reconnaîtront et que je ne citerai pas pour qu’elles évitent de rougir derrière leur ordinateur en lisant le texte…
Article ecrit pour ENY et publie le 22/5/06
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