25 juin 2012

Une ville sans livres ?

Un papier de Francois Forestier a lire dans le Nouvel Obs, et qui date deja un peu, mais qui est toujours bien, a lire ici (repris en entier, c'est mal) et sinon sur le site du Nouvel Obs, donc.
Je reviens de New York, où j’ai été assister aux répétitions de « West Side Story ». La ville n’a pas changé, à première vue : falafels, Nike, Starbucks, tatoo shops, flics à cheval, taxis jaunes, hot-dogs et bretzels chauds. Du bruit, de l’électricité, des jets de vapeur au sol, des secrétaires pressées en collants 40 D, des avocats qui boivent du café dans des seaux en marchant dans la rue, des vendeurs de colifichets, des métisses sublimes aux ongles bicolores, des vieilles femmes menaçantes. Je me suis promené, et le monde s’est écroulé sur ma tête. La grande librairie Barnes & Noble – cinq étages face au Lincoln Center – fermée.
La librairie Mysterious Bookstore, dans la 55ème rue, déménagée au diable vauvert ! Ma librairie favorite, Gotham Book Mart, dans la 45eme rue, balayée ! Et, de quartier en quartier, ça continue. Murder Ink, dans le Upper West Side, plus trace. Dans le Village… Un crève-cœur. J’étais là, déboussolé, perdu, sans ma Croix du Sud et mon Étoile du Nord. Une ville sans librairies ? Je n’avais jamais imaginé. Finalement, j’ai repéré un Barnes & Noble sur la 5eme Avenue (au coin de la 47eme rue), quand même, mais c’était pauvret : quelques nouveautés, quelques livres à prix réduit, et une cafétéria – pizzas, soupe, café, salade, petits pains. Il y avait un clodo qui se chauffait les pieds sur une chaise, un étudiant coréen qui avait une pile de livres de droit, des cruciverbistes, une dame qui lisait « Le Sexe dans la Kabbale » (là, je me demande) et des amoureux qui s’embrassaient, le coude sur leur Kindle.
J’ai décidé d’aller au cinéma. Je me suis dirigé vers Times Square. Nouvelle surprise : plus un seul cinéma. J’ai baissé les épaules. Je suis remonté vers le Sony Theatre, au coin de la 68eme et de Broadway. C’est devenu le Loew’s, six salles. La grande fresque murale, avec Lawrence d’Arabie, est toujours là, avec les noms célèbres (une faute sur le producteur Sam Spiegel, devenu « Sam Speigel »). Les programmes : nuls. Pas un film même un peu intéressant. Je me suis résigné à voir « Mission : Impossible 4 » en IMAX, écran de dix kilomètres carrés, son à désosser un Mirage IV, et des effets spéciaux qui mettent en valeur Tom Cruise, le héros scientologue. A ma gauche, il y avait un couple avec des baquets de popcorn gros comme des niches à chiens. A droite, un gars tout seul qui avalait des nachos à la truelle – des sortes de chips qu’on trempe dans une sauce piquante ou dans du fromage fondu. Ca collait par terre, le film se déroulait dans une odeur de friture, de ketchup tiède et de barbe à papa rancie. A New York, les gens vont au cinéma pour bouffer.
Je suis resté jusqu’au bout. Dehors, il y avait du vent. Le film était stupéfiant de bêtise.
J’ai de nouveau baissé les épaules, et je suis allé rêver devant une pizza cachère dans un boui-boui.
Je me suis souvenu comment c’était bien, les livres et le cinéma.
Comme lui, je me desole de voir les librairies fermer au kilometre et les gens avoir le nez dans leur tablette ou livre electronique. Ahhh l'odeur du livre... Larme emue. 
Et si vous passez par ici, je vous conseille quand meme quelques librairies qui sont (heureusement) encore ouvertes.
  • Strand Bookstore se targue d'avoir 18 miles de long rien qu'en livres. Plus de 28 kilometres de bouquins a quelques pas de Union Square ? Attention, activite hautement chronophage...
  • Rizzoli est une magnifique librairie ancienne a visiter, rien que pour son ambiance decalee. 
  • Jackson & Mac Nally est une autre chouette librairie. Dans Soho, very cosy.
Mais Monsieur Forestier a raison, la librairie disparait doucement du paysage et c'est dommage. Et si je ne regrette pas trop le cinoche de quartier, celui ou j'avais mal aux jambes, mal au cou, et ou l'ecran n'etait pas beaucoup plus grand que ma teloche, le multiplexe qui me detruit les tympans pour me vendre le dernier Transformers, bof. Je preferais l'Ariel, a Metz, avec sa petite selection et ses films en VO...

6 commentaires:

  1. bonjour,
    j'ajouterais à la liste la disparition totale des magasins de CD depuis la fermeture de Virgin et ce n'est pas le petit rayon de Barnes and Noble d'Union Square qui suffit à satisfaire mes envies de musique ! Pour les livres et les films je partage, comme vous, totalement le ressenti de F Forestier.

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  2. naaaaaaaaaaaaaaaaaan... Le Barnes & Noble a fermé ??? Le repère où on pouvais passer la journée.. =((

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  3. Pour les générations futures, il ne restera plus que les bibliothèques qui se transformeront en musées pour découvrir la beauté d'un livre.

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  4. La sensation de toucher du livre ne disparaitra pas enfin je l'espère.
    A paris, pour l'instant les librairies ne ferment pas trop

    Bonne semaine, patiounette

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  5. Rizzoli ressemble beaucoup à Gargliani, j'aime beaucoup ces librairies aux rayonnages en bois :)

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  6. ah les multiplex.... Heureusement, il reste le Caméo à Nancy. Intimiste, avec une sélection certes pointue mais quand même très chouette... Et puis le Hall du Livre, n'a pas fermé.... ouf!!!

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