Ma liberté s’arrête la ou commence celle de ceux qui édictent des règlements rien que pour m’embêter.
La semaine dernière, après une journée bien chargée, je décide de m’octroyer une demi-heure dans la piscine de mon club de sport. Je me change, je me douche et je me pointe au bord du bassin pour me faire réprimander comme une gamine qui aurait mis le doigt dans un pot de confiture. Non je n’ai pas le droit d’aller nager comme ça. Il faut que j’aille inscrire mon nom sur un papier et quand une place se libère, on vous appelle par ordre d’arrivée. Ah. C’est a ce moment la qu’on regarde autour de soi et qu’on se rend compte avec horreur qu’une petite dizaine de personnes attendent. Soit en faisant trempette dans le bain bouillonnant, soit posées sur un transat en train de compter avec attention le nombre de petits carreaux de la mosaïque.
J’ai beau expliquer par A + B a l’employé que c’est un règlement que je trouve stupide, j’ai peur que son QI, avoisinant celui d’un mollusque, ne fasse pas le même raisonnement. Et, visiblement, vu l’œil vitreux qu’il m’oppose, je me dis qu’il a la capacité intellectuelle d’un bulot. Il a bien saisi qu’on ne tenait pas a trois de front dans une même ligne. C’est bien. Il serait maintenant temps qu’il comprenne que si tout le monde tourne gentiment, personne n’éborgnerait son prochain. Mais, comme ça n’est pas marqué sur le papier, Monsieur le Bulot ne va pas se mouiller (de toute façon y’a pas de place dans la piscine, c’est ce qu’il se tue a me dire depuis le début).
Et pendant les 10 minutes suivantes que je passe a m’énerver, je me dis que les Etats-Unis sont vraiment le pays des règlements immuables. Quel que soit le moment, si vous demandez quelque chose de litigieux ou simplement différent a un agent américain, celui ci va se réfugier derrière un sacro-saint règlement pour vous envoyer bouler.
J’étais une fois a Penn Station ou j’étais censée retrouver ma boss qui était venue directement depuis l’hôtel avec sa valise, et on partait ensemble voir un client avant qu’elle ne reprenne un avion pour la France. Elle m’attendait dans la salle d’attente de l’Amtrack, avec mon billet. Et son portable ne passait pas. J’ai eu beau supplier l’agent a l’entrée si je pouvais rentrer puisqu’elle avait mon billet avec elle, « pas de billet, vous n’entrez pas ». Evidemment la salle était si grande que je ne la voyais pas. La solution suivante, faire de grands signes depuis une baie vitrée pour attirer l’attention n’était pas appropriée car les baies sont faites de telle sorte que vous voyez vaguement ce qui se passe dedans ou dehors, et vous verriez des bras en train de s’agiter, mais pas vraiment la tête de la personne. J’en ai été réduite a faire un appel au micro qui m’a rappelé la fois ou je m’étais perdue au supermarché. Parce que l’annonce faite par l’agent de l’Amtrack ressemblait beaucoup a « la petite Dolce attend sa collègue Madame Machin au point de rencontre 9B, la petite Dolce… etc. ». L’humiliation totale.
Mais ce serait identique chez Starbucks ou au cinéma, si vous demandez quelque chose qui n’est pas sur le règlement, vous vous heurterez au grand mur du non avec la désagréable impression que les gens qui ont pondu ces trucs la ricanement dans votre dos en voyant votre mine dépitée.
Non vous n’avez pas le droit de dépasser la ligne jaune de l’immigration. Même pas d’un orteil. Sinon on vous éjecte a la fin de la file d’attente (derrière tous ces gens qui descendent d’un avion de Bangladesh Airlines. Et croyez moi, vous n’avez pas envie d’être derrière 500 passagers de Bangladesh Airlines qui ne parlent pas l’anglais). Non vous ne pouvez pas vous asseoir sur ce carre de gazon, il vient d’être re-semé. Non, vous ne pouvez pas attendre dans cet espace de l’aéroport, passez la sécurise et c’est tout. Non, vous ne pouvez pas. Point.
Parfois je me demande si j’ai encore le droit d’avoir un libre arbitre…
Sur ce, je vous laisse, parce qu’on vient de m’appeler pour aller nager. Faut que j’y aille sinon je vais encore faire infraction au règlement de Monsieur le Bulot en n’allant pas nager quand il me le dit.
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Article publie par EntreNewYork le 27 mars 2006
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