Si New York est la ville de la démesure, Times Square en est l'apogée. Le petit touriste francais qui y arrive y porte son regard, et, selon les hospices météorologiques, plisse les yeux pour regarder le haut du 4th Times Square, de la Tour Earnst & Young et de ses consoeurs ou bien se demande où se trouve la cime de ces monstres d'acier dont la pointe semble se confondre dans les nuages.
Times Square n'a pas toujours été la vitrine pimpante aux nuées de néons qu'elle est aujourd'hui.
D'abord, je tiens à attirer votre attention sur le fait que Times Square n'a rien d'un carré contrairement à ce que son nom indique. Ce ne sont jamais qu'une dizaine de blocs où Broadway et la 7ème avenue se rejoignent. Jusqu'au début du XXème siècle, l'endroit était dénommé Long Acre Square, et n'était qu'une plaque tournante pour le commerce - plus ou moins légal : vendeurs de chevaux, maisons closes et hôtels de passe étaient monnaie courante.
En 1903, le quotidien New York Times y fait construire son siège, et parvient à convaincre la ville de renommer Long Acre Square en Times Square, le 8 avril 1904. En octobre de la même année, la station de métro de Times Square voit le jour (ce qui explique peut-être la vétusté de ses couloirs ?). Le 31 décembre 1904, on célèbre doublemement : l'avènement du building du Times, et la Saint Sylvestre. Un siècle plus tard, on y fête toujours la Nouvelle Année
Le reste est, à l'instar de la ville, l'histoire de l'Amérique moderne. C'est sur ce petit périmètre qu'on été inventées, réinventées, testées, exploitées et offertes de multiples facettes de la 'culture' américaine.
Les Américains venaient à Times Square pour s'amuser. Après les maisons closes -indéniablement les premiers lieux attractifs du quartier - sont apparus les théâtres. Les pionniers dès la fin du XIXème siècle, puis le flot a suivi. En 1928, on dénombrait la production de 264 shows dans 76 théâtres sur Times Square - quelle densité au mètre carré ! Loin des traditionnels opéras, ces théâtres proposaient déjà moult vaudevilles, musicalls, jazz et films.
Les spectacles les plus populaires de Times Square ont toujours été gratuits : ce sont les enseignes qui ont fomenté la réputation de Broadway en tant que 'Great White Way'. Les panneaux et enseignes y recouvraient la majeure partie des buildings dès le début du XXème siècle. A l'époque, ils étaient similaires aux autres panneaux publicitaires qui bourgeonnaient sur les murs de la ville. Puis, peu à peu, Times Square s'est démarqué, pour devenir un immense laboratoire in vivo qui permettait de tester de nouveaux modes de communication et de publicité dans une métropole de grande envergure. Le développement d'une économie de marché de masse doit, aux Etats-Unis, beaucoup à l'attrait des séduisantes enseignes de Times Square.
Times Sqaure n'était pas seulement l'endroit où l'on publiait le quotidien le plus important du pays, avec ses immenses rotatives au grondement souterrain, ni le nouveau bandeau entourant le Times Building, déroulant instantanément les nouvelles du monde. Non. Times Square était le berceau de ces informations. Elles naissaient ici, sous la plume de journalistes tels que Walter Winchell ou Damon Runyon, qui créerent un standard américain avec le style reportage, les chroniques people et l'utilisation de l'argot.
La grande force humaine qui fit avancer Times Square pendant plus d'un siècle a été le désir charnel, le sexe. Times Square a littéralement vendu du sexe pendant plus d'un siècle, de par la prostitution et ses théâtres roses, définissant ainsi une bonne partie de l'ère postérieure à la seconde guerre mondiale. Mais c'etait également bien plus subtil Times Square était un symbole, un lieu où les barrières morales pouvaient être repoussées, réduites à néant, et le désir s'exprimait alors. Ce n'est pas un hasard si c'est ici que les femmes pouvaient remettre en question les règles du 'dating', et les homosexuels trouver bien plus de liberté que n'importe où ailleurs dans la ville
Times Square s'est épanoui durant le premier tiers du XXème siècle, pour ensuite décliner doucement après la seconde guerre mondiale, et s'effacer devant le monde de la télévision, des banlieurs et de la ségrégation raciale. L'endroit est, malheureusement, également connu pour cet aspect peu appréciable de la culture américaine moderne : le phénomène de l'abandon du centre ville par les classes aisées, et du déclin de MidTown. Au coeur de Manhattan, des blocs entiers de buildings abandonnées, repère des dealers de drogue et du tapinage. Ils furent, pour un temps, les blocs les plus dangereux de la ville, image de la décadence de New York.
Times Square vit aujourd'hui son second souffle. De grandes entreprises comme MTV ou Condé Nast ont réinvesti les lieux. La foule qui l'emplissait alors est celle que vous voyez maintenant. Hordes de touristes, promeneurs aux yeux perdus dans l'azur, aficionados de comedies et shows. Times Square est le rappel perpétuel que New York est et a toujours été une ville de plaisirs Pas seulement lors de la Saint Sylvestre. Chaque jour de l'année.
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www.timessquarebid.org
Times Square n'a pas toujours été la vitrine pimpante aux nuées de néons qu'elle est aujourd'hui.
D'abord, je tiens à attirer votre attention sur le fait que Times Square n'a rien d'un carré contrairement à ce que son nom indique. Ce ne sont jamais qu'une dizaine de blocs où Broadway et la 7ème avenue se rejoignent. Jusqu'au début du XXème siècle, l'endroit était dénommé Long Acre Square, et n'était qu'une plaque tournante pour le commerce - plus ou moins légal : vendeurs de chevaux, maisons closes et hôtels de passe étaient monnaie courante.
En 1903, le quotidien New York Times y fait construire son siège, et parvient à convaincre la ville de renommer Long Acre Square en Times Square, le 8 avril 1904. En octobre de la même année, la station de métro de Times Square voit le jour (ce qui explique peut-être la vétusté de ses couloirs ?). Le 31 décembre 1904, on célèbre doublemement : l'avènement du building du Times, et la Saint Sylvestre. Un siècle plus tard, on y fête toujours la Nouvelle Année
Le reste est, à l'instar de la ville, l'histoire de l'Amérique moderne. C'est sur ce petit périmètre qu'on été inventées, réinventées, testées, exploitées et offertes de multiples facettes de la 'culture' américaine.
Les Américains venaient à Times Square pour s'amuser. Après les maisons closes -indéniablement les premiers lieux attractifs du quartier - sont apparus les théâtres. Les pionniers dès la fin du XIXème siècle, puis le flot a suivi. En 1928, on dénombrait la production de 264 shows dans 76 théâtres sur Times Square - quelle densité au mètre carré ! Loin des traditionnels opéras, ces théâtres proposaient déjà moult vaudevilles, musicalls, jazz et films.
Les spectacles les plus populaires de Times Square ont toujours été gratuits : ce sont les enseignes qui ont fomenté la réputation de Broadway en tant que 'Great White Way'. Les panneaux et enseignes y recouvraient la majeure partie des buildings dès le début du XXème siècle. A l'époque, ils étaient similaires aux autres panneaux publicitaires qui bourgeonnaient sur les murs de la ville. Puis, peu à peu, Times Square s'est démarqué, pour devenir un immense laboratoire in vivo qui permettait de tester de nouveaux modes de communication et de publicité dans une métropole de grande envergure. Le développement d'une économie de marché de masse doit, aux Etats-Unis, beaucoup à l'attrait des séduisantes enseignes de Times Square.
Times Sqaure n'était pas seulement l'endroit où l'on publiait le quotidien le plus important du pays, avec ses immenses rotatives au grondement souterrain, ni le nouveau bandeau entourant le Times Building, déroulant instantanément les nouvelles du monde. Non. Times Square était le berceau de ces informations. Elles naissaient ici, sous la plume de journalistes tels que Walter Winchell ou Damon Runyon, qui créerent un standard américain avec le style reportage, les chroniques people et l'utilisation de l'argot.
La grande force humaine qui fit avancer Times Square pendant plus d'un siècle a été le désir charnel, le sexe. Times Square a littéralement vendu du sexe pendant plus d'un siècle, de par la prostitution et ses théâtres roses, définissant ainsi une bonne partie de l'ère postérieure à la seconde guerre mondiale. Mais c'etait également bien plus subtil Times Square était un symbole, un lieu où les barrières morales pouvaient être repoussées, réduites à néant, et le désir s'exprimait alors. Ce n'est pas un hasard si c'est ici que les femmes pouvaient remettre en question les règles du 'dating', et les homosexuels trouver bien plus de liberté que n'importe où ailleurs dans la ville
Times Square s'est épanoui durant le premier tiers du XXème siècle, pour ensuite décliner doucement après la seconde guerre mondiale, et s'effacer devant le monde de la télévision, des banlieurs et de la ségrégation raciale. L'endroit est, malheureusement, également connu pour cet aspect peu appréciable de la culture américaine moderne : le phénomène de l'abandon du centre ville par les classes aisées, et du déclin de MidTown. Au coeur de Manhattan, des blocs entiers de buildings abandonnées, repère des dealers de drogue et du tapinage. Ils furent, pour un temps, les blocs les plus dangereux de la ville, image de la décadence de New York.
Times Square vit aujourd'hui son second souffle. De grandes entreprises comme MTV ou Condé Nast ont réinvesti les lieux. La foule qui l'emplissait alors est celle que vous voyez maintenant. Hordes de touristes, promeneurs aux yeux perdus dans l'azur, aficionados de comedies et shows. Times Square est le rappel perpétuel que New York est et a toujours été une ville de plaisirs Pas seulement lors de la Saint Sylvestre. Chaque jour de l'année.
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