26 mars 2005

Pas de niouzlettre aujourd'hui

En direct de NYC toutes mes confuses pour vous dire que la niouzlettre sera écrite et mise en ligne dès mon retour.

En attendant, joyeuses Pâques à tous !

19 mars 2005

TGI's Friday

Chaine de restaurants américaine dont le nom énigmatique signifie en réalité "Thanks God It's Friday" ! C'est très vrai.

Semaine busy busy mais agréable, grâce au beau temps qu’'il a fait. On a d'’ailleurs eu la nette impression de louper une saison. Comme la belle au bois dormant qui se réveille un matin et a dormi cent ans, on se réveille un matin ensoleillé qui frise les 12-13°C, alors que la veille encore on grelottait sous la neige en promenant les chiens.

Le week-end dernier, avec Anne, a été totalement anti-productif et c’'est pour ça que c'’était bien. 

Dîner vendredi soir au Tokyo, restaurant japonais de la Place d’'Erlon, à Reims. Eh bien sachez le, ce resto a largement perdu en qualité ce qu’il a gagné en aménagement intérieur. Anne et moi, on ne nous y reprendra pas, on n’y remettra pas une baguette.
On s'’est réconciliées avec la vie devant « Je préfère qu’on reste amis » (pour plus d’'infos sur AlloCiné avec Jean-Paul Rouvre et Gérard Depardieu, réalisé par Eric Toledano. Film sans prétention mais agréable, avec des bons moments, et quelques longueurs. Entre autres, belle dénonciation de tous les cercles de rencontre, du speed dating aux agences matrimoniales. Et qui se termine à New York, ville des célibataires par excellence, et ce n’est pas Sex and the City qui va me contredire là dessus.

Samedi, virée centre-ville sans prétention, entre la Fnac et Séphora, une après-midi de filles comme il se doit. Et le soir, crêpes-party dans mon F1, jusque tard dans la nuit, avec Piper-Heidsieck cuvée Brut comme accompagnant, moins conventionnel mais tout aussi agréable que le cidre.
Donc on a contourné le parc pour passer devant Ruinart, Vranken, Pommery (Maison et non parc) et se rentrer tranquillement pour déjeuner.

Dimanche, promenade entre les maisons de champagne et jusqu'’au Parc Pommery. Je dis, « jusqu'’au » et non « dans » parce que ces grands malins, ils ont un très beau parc… dont l'’entrée est payante. Et en bonnes promeneuses du dimanche, avec Anne, on avait bien pensé à prendre les chiens, mais des sousous, non.

Lundi, retour sur terre et au bureau, avec son cortège de tâches urgentissimes à faire pour avant-hier, on ne va pas s’'étaler là dessus, tout le monde connaît !
Cours de salsa lundi soir, je progresse dans un nouveau style. L’'espagnol ne pointe pas entre deux pas, la technique, la vraie, veut que si, justement, on pointe. Alors je m'’escrime à pointer et j'’oublie une fois sur deux, mais ça va venir…
Mardi soir, cours de théâtre d’'improvisation à l'’ESC, bien déchaînés les étudiants, ils m’'ont fait mourir de rire !

Petit bonheur de milieu de semaine : Arthus-Bertrand, joaillier avec qui Piper-Heidsieck a travaillé l'’an passé pour des boutons de manchette et un pendentif en nacre, m'’a envoyé des échantillons pour un nouveau projet. Et, avec les échantillons, un joli pendentif en argent de leur cru, qui m’'était offert. Rhôôô…... J’'en avais presque la larme à l’œ'oeil en appelant la chef de produit pour la remercier ! Bon, que ceci soit clair : je ne suis *pas* soudoyable… Mais j’'apprécie le geste commercial ;)

A venir : week-end en Meuse, repos, intendance (lessive, mes amis, puisqu’'il faut bien passer par là un jour…) et anniversaire de Trazichou.

13 mars 2005

Semaine de m..... (bip ! censure automatique)

Une petite semaine, plutôt fatigante et tristounette, mais on commence à sentir l'approche du printemps, il fait moins froid déjà. Ouf.
Points d'orgue de la semaine ?
Le premier : Dolce, partie promener les chiens en claquant la porte de la maison et qui se retrouva alors enfermée dehors, pour avoir oublié les clés... dedans. Malin. Total :
"allô Monsieur le Dépaneur ?
- Oui, Mamzelle, j'peux vous aider ?
- J'ai claqué la porte, les clés sont dedans.
- [ricanement net au téléphone] J'arrive."
Un quart d'heure plus tard à grelotter avec les chiens qui comprenaient pas pourquoi leur promenade s'était tant éternisée, le Monsieur ricaneur se pointe, et débloque la porte en un instant, pour la modique somme de 60 euros. Hirk. La prochaine fois je ferai attention !

Le second : dans la même soirée... On collectionne. Je rentrais d'un dîner chez des amis et là, dans la voiture, j'ai senti quelque chose de bizarre sur la main, un peu gluant... ? Bref, je continue à rouler, je me gare, et au moment où j'arrive dans le hall de mon immeuble, je me suis rendue compte en allumant la lumière que j'avais la main en sang ! Je m'étais littéralement entaillé l'annulaire avec je-ne-sais-pas-quoi... Ne pas chercher à comprendre. J'ai pissé le sang pendant 10 minutes et après ça s'est calmé.
Bref, contente que la semaine termine... Ce soir, décompression avec Anne petit resto japonais et cinéma, et demain, soirée crêpes-miam-miam !

12 mars 2005

Le retour du questionnaire


Si c'est pas gentil de ma part de *re* répondre à ce genre de trucs... Pour Mag et Claire qui s'y sont pliées, voici le retour du questionnaire :)

1. Quelle heure est-il ? il est 10h50, j'’ai un rendez-vous avec le Môssieur de chez Bic dans 10 minutes, pour le briefer sur le genre de stylos publicitaires dont j’'ai besoin pour le renouvellement Charles et Piper Heidsieck. Quand il va voir que je suis stagiaire il va adorer, je sens…
2. Prénom: Sur le web Dolce. 

3. Ton anniversaire: 3 septembre 1981. J’'accepte les cadeaux en espèces, chèques, virements (RIB disponible sur demande) et en nature, à discrétion.
4. Signe zodiaqual: Vierge, ascendant Lion.

5. Lieu de naissance : Metz-plage.
6. Tatouages: non, mais un piercing, malgré tout.
7. As-tu déjà été amoureux (se) ? Voui

8. As-tu déjà aimé jusqu'au point de pleurer pour quelqu'un ? Voui aussi
9. As tu déjà eu un accident de voiture ? Pas encore. Mais s’il continue à neiger allègrement, je sens que ça ne va pas tarder tant que ça…
10. As tu déjà eu une fracture ? Je croise les doigts, je touche du bois et je dis : nope.

11. Pepsi ou Coca ? Ah bon, ça n’a pas le même goût ? Excusez moi je préfère le champagne, quouââââ…
12. Bière ou vin ? Vin, sans hésitation !
13. Le verre: un joli verre de Cosmopolitan !
14. Couleur de sous-vêtements préférée: hum… Rose ?

15. Pointure: 38
16. Numéro préféré : 3

17. Type de musique préféré : Tout, et un peu plus que tout. Un peu de salsa, un peu de rock, un peu de variété…
18. Aimes tu recevoir des fleurs ? Question idiote : bien sûr ! 
19. Sujet de conversation détesté : « non maman je rentre pas trop tard », « oui papa je fais attention sur la route » « non, je ne fais pas la geule je suis juste fatiguée »… 
20. Disney ou Warner (film): Disney… et Dreamworks pour Shrek !
21. Fast food préféré: des sushis sinon rien.

22. Un problème : oui ! Deux chiens dans un appartement de 30m², quand il neige, ça devient vite un problème ! Le Monsieur de chez Bic est en retard et j’ai pas que ça à faire (ndlr. De passer mon temps à répondre à ce questionnaire en attendant qu’i'l bouge ses fesses)
23. Couleur préférée : bleu (et rouge, et jaune, et rose et…).
24. Comment te vois tu dans l'avenir ? Floue sans mes lunettes, sinon, difficile à dire… travaillant chez Rémy Amériques, ou Maître du Monde, peut-être ?  
26. Lequel de tes amis vit le plus loin ? Start spreading the news, I’m leaving today, I wanna be a part of it, New York, New YooooorkVoilà.
27. Qui sera le plus rapide à te répondre à ton avis ? franchement, c’'est pas un concours, alors on s’en f…
28. Qui sera le plus long ? cf. Question 27.

29. Ami(s) spéciaux(x) : Dis tout de suite que mes amis sont bizarres… enfin quand je regarde les photos je me dis que Spaceruler et Trazichou sont peut-être un peu dérangés… 
30. Que changerais-tu dans ta vie ? Dans le meilleur des mondes, je me télétransporterais de l'’autre côté de l'’Océan avec un visa transférable, et un job sympa, tant qu'’à faire.

31. Tu as un ordi à la maison ? Oui, mon Thinkpad T22 dont les touches collent et sentent encore la Liquor de Manzana depuis une obscure soirée en décembre dernier à San Sébastien.
32. CD préféré ? Si je ne dois en citer qu’'un alors on est mal parti. Mettons la BO de Chicago que je commence à connaître par coeœur. 

33. La première chose que tu penses quand tu te réveilles ? « Minos, arrête de me lécher la main ! » suivi de « j'’espère qu’il a arrêté de neiger… »
34. Comment vois tu l'Amour ? un peu flou en ce moment. Dans l'idéal avec plein de u et d'’accents circonflexes.

35. Quelque chose que tu as toujours avec toi et que tu n'as jamais quitté? « I Spy » !!!!! Et ma paire de ciseaux “spécial gaucher” parce que sinon, c'’est la misère.
36. Qu'y a t'il sur ton mur ? une grande affiche type abribus du parfum Emporio Armani Night.
38. Ecris quelque chose a la personne qui t'a envoyé ce mail : Mag, Claire, merci ! (Voilà : simple, efficace !)
39. Nomme la personne qui ne te répondra sûrement pas ? cf. question 27.
40. Celle dont tu es sure qu'elle te répondra ? cf. question 39.
41. Qui aimerais-tu voir répondre ? cf. question 40.
42. Que dirais-tu à quelqu'un en particulier mais que tu n'oses pas dire ? si je n’'ose pas le dire, je ne vais certainement pas l’'écrire sur mon blog !

43. Sport favori ? la salsa en ce moment (oui Céline, ça y est, j'’ai repris la salsa hier soir !)
44. Timide ou extraverti ? Définitivement extravertie.

45. Ton surnom : Dolce
46. Langues parlées ? français (logique), anglais, espagnol.
47. Un mot que tu aimes dire ? Pu… nais-euh !
48. Un coucou a quelqu'un en particulier ? A tous, pour la version particulière, y’'a autre chose que le blog, héhé…
49. Heure : 12h07 (ça y est, entre temps j'’ai vu le Monsieur de chez Bic)
50. Livre favori : Comme un Roman, Daniel Pennac.
51. Tu aimerais qu'on t'offre des fleurs à ton anniversaire ? Entre autres, oui !

52. Evax ou Ausonia ? Merci ça va, je ne suis pas encore incontinente à ce point là.
53. Opel ou Seat ? Ca change pas grand chose... Ca roule, non ?
54. Sucré ou salé ? les deux mon général !
55. Lieu favori ? Start spreading the news… Comment ça, je l’ai déjà dit ?
56. Paris ou province ? Province ou New York, pour ne pas changer…

08 mars 2005

Le syndrôme de la machine à café

Où l'’on se rend compte que le noir troublant du café sus-cité est encore source de différenciation culturelle.
Petit topo du lundi matin.

Café : n.m. Substance liquide d'’un noir troublant aidant l’'homme ou la femme à repousser encore un peu le début de la journée de travail.

Version américaine.
Sortir de chez soi. Se faire refourguer A.M. New York. Prendre le métro, coincé entre John Doe et Jack Smith, tous les deux en finale du concours du « c’'est moi le plus gros américain dans le wagon ce matin », entendre vaguement le cri strident des Ipods de ces derniers, survivre aux derniers relents de rap, et ne pas louper sa sortie. Se précipiter sur les escalators avant John Doe et Jack Smith qui risqueraient de les faire coincer. Atteindre l’'air libre. Se voir refourguer A.M New York pour la seconde fois. Passer chez Strarburck, faire la queue pour acheter sa version « tall » de l’'American Coffee. Marcher jusqu’à la porte de son immeuble, pester contre le manteau qui a exactement 12 poches, et donc douze possibilités d'’héberger le Corporate ID bien caché au fond (à moins qu’il n’'ait sombré dans les tréfonds d’un sac à main). Plonger à sa recherche avec le café brûlant dans une main. Le retrouver enfin (l'’ID, pas le café), sous une pile de mouchoirs éculée sous l’œ'oeil goguenard des réceptionnistes (quoiqu'’au final on peut s’'être mis un peu de café partout). Le faire biper pour accéder de l’'autre côté des portes vitrées, monter dans l’'un des 12 ascenseurs, atteindre son étage, retrouver le pass magnétique pour en ouvrir la porte (non, il n’'était pas rangé avec l'’ID, ce serait trop facile). Traverser l’'Open Space / les couloirs sinueux pour arriver enfin vers 9h15, voire 9h30 à son bureau. Allumer son ordinateur, et pendant que le monstre se réveille dans un concert de grognements, retirer son manteau, ses trente couches de vêtements, ses gants, son écharpe, pester contre la climatisation (en l’'occurrence le chauffage) poussée à bout, et boire son café Starburck un peu moins brûlant maintenant, à petites gorgées, dans son emballage en carton recyclable / recyclé, en soulevant doucement la languette en plastique du couvercle non biodégradable., enfin. « Caution, contains hot beverage ». Survoler A.M. New York et se mettre à travailler.

Version française.
Prendre le métro, coincé entre Madame Michu et Madame Godiche qui se racontent leur soirée.
« Tiens, j'’te raconte même pas » (mais pourtant on sent bien qu'elle va lui raconter, et longuement encore) « mais hier soir, eh ben l’'Robert, il a voulu rgarder l’'foot. Ouais. Eh ben même que là, j'’lui ai dit t’'as qu’'à croire, au Robert, moi j’'veux r'garder 1ère Compagnie » Etc.
Et Madame Godiche de renchérir « Eh ben moi hier, j’'étais avec Jean Mich. Tu te souviens de Jean-Mich. Un mec top, quoi. Nan, vraiment top, quoi. Eh ben hier soir, y ‘m’'dit Nan j'’t'’enmène pas au cinoche, Jennifer, j’'vais au bistrot avec des potes. Nan mais j’'ai halluciné, quoi. J'’lui ai dit d’'prendre ses clics et ses claques et d’'se tirer. Ouais. Comme ça. Et » etc. …
S’'extraire à sa station. Se précipiter sur les kilomètres d’'escaliers et les monter avec plus ou moins d’'entrain. Arriver enfin à l’'air libre. Se voir refourguer 20 Minutes. Marcher jusqu’'à la porte de son immeuble. Dire bonjour à la standardiste et faire un point météo avec elle « Il fait froid hein ? C'’est fou, on est en Mars et il a encore neigé cette nuit ». S’'en dépatouiller par une pirouette et entrer dans le coeœur du bâtiment, atteindre son bureau, enfin, il est 9 heures. Allumer son ordinateur, et pendant que le monstre se réveille dans un concert de grognements, retirer son manteau, ses gants, son écharpe. Dire bonjour à Nicolas, Gilles, Béatrice, Nathalie. Aller relever ses e-mails personnels. Retrouver 20 Minutes et en étudier attentivement la photo de 1ère de couverture en attendant que Béatrice vienne vous proposer de prendre un café. Il est 10 heures bien sonnées. Se rendre à la machine à café, épicentre de Radio Couloir, et, au rythme du lent goutte à goutte, écouter attentivement les dernières nouvelles officieuses.
« Y paraît que Truc s’est fait augmenter.
- Noooooonnnnn… alors qu'’il en fout pas une alors que moi je bosse comme une dingue ! [ndlr. Pour nettoyer la machine à café ?] »
Le temps que Béa ait raconté à Gilles ce que Nicolas venait de lui dire sur Nathalie, il est presque 11 heures. Repartir tranquillement terminer son café à son poste, en feuilletant 20 Minutes, avant de lancer son logiciel de messagerie professionnelle.

Je ne sais pas vous mais moi, pour avoir un tant soit peu travaillé aux Etats-Unis et pas tant que ça en France, je me sens maintenant toute perdue… Je n’'ai pas ce réflexe du matin qui est de me dire « tiens je vais me faire une pause d’'une heure pour prendre le café de la sociabilité » alors que je sais pertinemment qu'’une pile de dossiers aussi haute que moi (bon, ok, au final c’'est peut-être pas si terrible vu comme je suis grande) m’'attend avec impatience à côté des 312 emails non lus. Je suis effarée par le manque d’'efficacité chronique du service où je travaille, pour cause de dépendance au café. Quand ce n’'est pas à la cigarette, avec une pause toutes les heures pour certains…

Je vous le dis : si un manager américain mettait son nez dedans, il lui faudrait certainement beaucoup de café pour remettre de l’'ordre dans tout ça.

01 mars 2005

Le héros de NYC


Que retiendra t-on de New York dans quelques temps ? Se souviendra t-on des visages qui en ont forgé l'’histoire ? Qui traversa le temps sans une égratignure ?

Demandez autour de vous, à vos proches, vos amis, vos collègues, de vous citer quelques noms ou professions qu’'ils associent à New York. En face de vous, on ne va pas se gratter très longtemps le cuir chevelu pour vous répondre le trio de tête : Rockefeller, les traders, les artistes de Broadway.
Rockefeller, magnat du XIXème siècle, qu’on vint à surnommer le Roi du Pétrole. Oui, celui là même qui fonda en 1870 la Standard Oil Company. Oui, me direz-vous, il soutint d’'ailleurs un nombre incalculable d’'organisations philanthropiques. D’'ailleurs, il a une très belle place qui porte son nom dans la ville, et une patinoire très prisée, l’'hiver. L'’illumination du sapin sur la place sus-citée est un évènement que tout New Yorkais a déjà subi au moins une fois, le temps d'’avoir les doigts des mains qui congèlent, entre la sortie du bureau et l'’allumage de l'’arbre en question.
Deuxièmement, les traders. Mais bien sûr. Cette kyrielle de jeunes individus aux dents si longues qu'’ils finissent par rayer le parquet, qui partent en Porsche à Miami pour se faire un whisky et une blondasse. Il y a deux semaines à peine, j’'ai eu un cours de finance dispensé par un ancien trader. Cela faisait peine à voir. 28 ans en salle des marchés avaient fini par avoir raison de ses canines proéminentes, mais il gardait un sourire des plus carnassiers, on n’'osait pas s'’approcher trop près pour lui demander une explication, de peur que dans une pulsion traderesque, il ne nous morde violement. La loi du plus fort. Sans conteste. 28 ans en salle des marchés, de Londres à Tokyo en passant par New York, et tout ça pour terminer enseignant dans une sombre école de commerce, à expliquer la différence entre une action et une obligation à des étudiants qui, marketeurs dans l’'âme, s’'en moquent comme de leur dernière cuite (qui remonte à la veille).
Les artistes de Broadway, me rétorquerez-vous. Oui ! Evidemment. Certes. Je ne vous contredirai pas dans l’'idée, parce que j’'y ai pensé aussi, mais finalement j’'ai envie quand même de contredire aujourd'’hui alors je vais le faire tout de même. Souvenez-vous des débuts de Times Square. Du lieu de débauche que c'’était. Du marketing sous jacent. Mais oui, pourtant ces gens là sont des artistes et je les respecte. Je les admire. De Chicago à Dracula, j’'ai vibré au son de leurs voix, moi aussi.

Et pourtant. Pourtant vous venez de me décevoir. Pourquoi ? Parce que vous pensez lumière. Vous regardez le sommet des buildings mais vous vous boucherez le nez et vous fermerez les yeux dès que vous serez sorti du carré marketing de Times Square.
Parce que vous ne direz jamais d’'emblée : le coursier. Ou le livreur du traiteur chinois, zigzaguant entre les taxis fous, pédalant comme un forcené sur son vélo cabossé, la bandoulière de son Messenger Bag lui barrant la poitrine. Pédalant contre la montre, pour livrer sa pizza en moins de trente minutes, pédalant contre l’'implacable sanction, la peur au ventre de se faire virer si la sacro-sainte masse de pâte arrive froide à son destinataire.
Vous ne penserez jamais d'’emblée à tous ces visages anonymes qui ont construit les kilomètres de galeries du métro new-yorkais, certains travaillant même dans des caissons pressurisés, à des températures tellement élevées qu’'ils tournaient par tranche… d’'une 1/2 heure. Vous ne penserez jamais à ces ouvriers morts dans les galeries que vous empruntez pourtant tous les jours, en pestant contre la terre entière parce que votre sacro-saint train a une minute de retard.
Vous ne répondrez jamais les vendeurs ambulants, qui savent vendre des parapluies comme les gants, faisant évoluer la consistance de son linéaire mouvant au gré des saisons, au fil des jours. Je crois qu'’un matin, j’'en ai vu un vendre des casquettes et des lunettes de soleil, au coin de la rue où je travaillais. Le soir, lorsque je suis enfin sortie, il pleuvait. Et le gars, tout sourire, avait une cargaison intacte… de parapluies.
Le héros de cette mégalopole grouillante est ainsi : il sait vendre des parapluies les jours de déluge, et les troque contre des lunettes de soleil et des éventails dans la touffeur de l’'été new-yorkais.