22 mai 2005

Elles ne pensent qu'à ça ?


Je discutais hier avec une amie de sa vie sentimentale, et la voilà qui se met à me décrire avec force supperlatifs les spécimens masculins qui l’entourent dans son nouvel environnement de travail, avant d’en arriver au constat suivant : au final, ils se ressemblent un peu tous, et j’ai beau passer une journée entière assise à côté d’un éphèbe, ça ne me fait ni chaud ni froid !

Triste constat Messieurs… La raison principale ? Prenez n’importe quelle boîte d’audit ou de conseil, pour faire simple, et regardez le paysage humain. La petite trentaine, tout ce beau monde en costumes bien coupés, cheveux disciplinés, petites chaussures bien cirées, cravate ad hoc et col de chemise amidonné. Sourire un poil carnassier, le teint frais quoi qu’il en soit et l’haleine fraîche à n’en pas douter.
Total, vous vous retrouvez à la cafétéria à midi, et quand vous faites la queue à la caisse derrière un de ces spécimens, vous ne savez pas si vous l’avez croisé une minute plus tôt au bar à salades, parce que de dos, ils sont tous identiques.
De face, me direz-vous ? De face, certes, non. Quoique dans son ensemble, qu’est ce qui ressemble le plus au jeune homme rasé de frais, le cheveu châtain court, en costume au bar à salades ? Son double et collègue à qui la caissière rend la monnaie, devant vous.
Oui, mais sur un projet, en discutant ? Ben pareil. Certes Jacques aime mieux le théâtre, alors que Damien est un adepte de squash. La belle affaire.
Le fait est que tous ces beaux potentiels qui traînent dans leur malette des kilomètres de diplômes académiques sont presque… trop beaux. Ils ont l’air gentil du fil à papa, à la « Monsieur Ah Bon » (private joke), grands yeux et petite raie sur le côté, sont relativement gentils naturellement, paient un verre en soirée et ramènent les demoiselles devant leur porte.
En découle qu’ils sont… trop parfaits. L’œil, au lieu de s’attarder sur ce visage, l’esprit, au lieu de s’attarder sur cette âme, glisse dessus, l’estime un instant et s’en détourne, presque déjà lassé d’un spectacle connu.

Les regarder et s’imaginer vivre avec eux, c’est voir sa vie toute tracée, et s’imaginer à 40 ans au petit déjeuner, assis dans sa cuisine en face d’un grand financier qui nous dira « passe moi le sucre » entre deux lignes du cours de la Bourse de Tokyo qu’il lira sur son ordinateur portable, adossé au comptoir de la cuisine, en train de refaire son nœud de cravate.
Et on a beau avoir envie de sécurité à un moment, on n’a pas forcément besoin de savoir dans quelle maison de retraite on va finir de se décomposer 50 ans plus tard. Or, c’est ce qu’on voit dans cette espèce là, trop sage et trop indisociable personnellement.

Cette espèce, d’où vient-elle, me direz vous ? Elle prospère dans les quartiers bourgeoisisants de toutes nos villes, elle s’engouffre dans les classes prépa et traverse les grandes écoles comme des croiseurs de guerre américains, pour n’atterrir qu’au sommet des grandes entreprises à vocation mondiale, et se poser au gré du vent à New-York, Singapour ou Paris, en salle de marché ou chez KPMG, c’est selon.

A trop vouloir forcer les gens dans un carcan, le mal est fait, le moule est forgé : des prépas aux écoles, on leur apprend à penser de la même façon. Ce sera, pour se retrouver ensuite dans un cabinet d’audit qui leur donne une formation made in USA mondialisée...

Quid de la diversité ?
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Article publié récemment sur ENY par ma pomme, et ayant suscité une pluie de commentaires ! C'est ici pour les curieux.

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