29 janvier 2005

Stage toujours, tu m'intéresses...

Remarque judicieuse de JiF hier soir, après mon article posté vendredi, Champagne, où je retraçais mes péripéties pour l’obtention de la sacro-sainte convention de stage.

Il est certes intéressant de noter que la majorité des entreprises fonctionnent avec force stagiaires qu’'elles paient royalement le 1/3 du SMIC. Pourquoi cette barrière ? Parce qu’en dessous du 1/3 du SMIC, effectivement, les entreprises comme les stagiaires ne cotisent à rien*. Ce que l’'étudiant reçoit est alors considéré comme une gratification et non une rémunération. Pour ce faire, le montant total reçu par l’'étudiant ne doit pas dépasser le 1/3 du SMIC, toutes gratifications confondues. Ce qui explique donc que les entrepreneurs qui vous proposent ce seuil d'’indemnisation vous refuseront le remboursement de votre carte orange ou la participation à des tickets restaurant.
En deça du 1/3 du SMIC, ce que reçoit le stagiaire est une « rémunération » que l'’entreprise se doit de déclarer.

Qu’il y ait quelque chose de pourri dans le royaume de France, je crois que c’'est indéniable. Reste maintenant à tous les étudiants obligés de faire un stage de refuser systématiquement toute rémunération qui ne leur permet pas de vivre de manière autonome financièrement parlant. Comment voulez-vous envisager cette possibilité lorsqu'’un employeur parisien vous proposent le 1/3 du SMIC comme indemnité de stage de fin d’'études, pour une mission de 6 à 12 mois, où, s'’ils embauchaient une nouvelle recrue en CDD, ils aligneraient sans ciller au moins 1500 Euros ?
Si seulement, comme le souligne justement Catherine Lubochinsky, les étudiants ne fermaient pas les yeux en pleurnichant ensuite devant papa et maman pour se faire aider, allez, encore un an… C’'est rendre service aux entreprises, et seulement aux entreprises. En école de commerce, nombreux sont ceux qui contractent un prêt pour financer leurs études, et cela sur trois ans. Prenons en considération le cas d’'un étudiant qui choisit de faire un stage de fin d'’études : le temps imparti pour rembourser le prêt arrive à échéance lorsque l’'étudiant est encore à trimer pour les beaux yeux de l'’expérience. Impossible de rembourser.
Vous me direz, toutes les compagnies ne paient pas forcément leurs stagiaires avec un lance-pierres. Peut-être. Il n’'empêche que lorsque j’'entends que Accor, Publicis, Havas, Pimkie ou les autres jouent la carte de la gratification minimum, cela me fait bondir.
Cela peut soulever encore plus de questions dérangeantes pour ces entités : si les stagiaires sont considérés comme de la main d'oe’œuvre ultra bon marché, interchangeable et inépuisable, qu’'en est-il du statut des salariés dans ces entreprises ? Est-ce là encore le signe de la suprématie financière : le profit pour le profit ? Est-ce la le choix des actionnaires que d'’investir dans une société qui n'’est pas responsable socialement ? Bonjour l'’ambiance…
Je ne sais pas vous, mais moi, ça me donne envie de boycotter leurs produits, de leur faire la plus mauvaise presse possible tout en restant extrêmement polie, et, dans la mesure du possible, de ne jamais avoir à travailler pour eux tant qu’'ils ne changeront pas leur politique d'’embauche. 



* Voir l’'article « Le Scandale des stages », extrait de celui très bien écrit par Catherine LUBOCHINSKY pour les Echos.

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