07 octobre 2003

Il était une fois la New Yorkaise

Voila un petit Français tout frétillant fraichement débarqué du cocon douillet de son avion. Regardez le d'un peu plus près. Il est le roi du monde, il vient d'arriver à Manhattan... attention, on n'a pas dit New-York, la ville, encore moins l'Etat, mais bien Manhattan (hors de Manhattan intra-muros, point de salut pour le Frenchie Trendy) et le voici donc à la conquête de l'Ouest, des étoiles plein les yeux. Ou des poussières qu'il ne peut chasser. C'est selon.

Le Français qui arrive ici se dit qu'avec son charme légendaire - Oh, you are French…
Your accent is soooo cute…, Speak to me in your so romantic language!! - il va décrocher la palme du Tombeur De L'Année. Ce qui peut être vrai. Ou pas du tout. Non sans vouloir vous décourager - portez haut les couleurs des amants français, sachez pour votre gouverne que votre pédigrée ne vous ouvrira pas forcément les portes électroniques blindées du Palm de la New-Yorkaise typique, et voici pourquoi.

La New-Yorkaise aime certes le charme du Français. Jusqu'ci, me direz vous, tout va bien. Cependant, la New-Yorkaise dans toute sa splendeur n'a pas de temps à consacrer aux jeux d'O du Frenchie fraichement débarqué du cocon douillet de son avion, étoiles ou poussières dans les yeux. Car la New-Yorkaise est stressée. Et stressante. La New-Yorkaise n'a pas pour habitude de sourire. De multiples soucis égratignent le vernis de son exitence. Quelques exemples. La New-Yorkaise est stressée car

- elle est en retard au bureau.
- elle est en retard au bureau, et là, le métro vient de lui filer sous le nez
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, sa french manucure est ruinee car elle a tenté de rafistoler le talon de sa dernière paire de Prada qu'elle venait de dégoter chez Bloomingdales après des heures d'essayage, et qu'elle a tuée en voulant retenir la porte du train ouverte, cependant le métal underground a vaincu.
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, et elle peste contre le monde entier, car ce talon atrophié ruine non seulement son allure mais également l'allure de son compte bancaire saigné pour la paire en question.
- elle est en retard au bureau, le métro vient de lui filer sous le nez, et elle a un rendez-vous qu'elle avait consigné dans la mémoire de son Palm, mais la batterie vient de lacher : elle n'a pas eu le temps ce matin de le remettre à charger, on vient de vous le dire, elle est en retard.
- elle est en retard sur son horloge biologique, et elle le vit très mal.
- elle est en retard sur son horloge biologique, et elle le vit d'autant plus mal que ce matin, non seulement elle s'est réveillée en retard, mais en plus son dernier one-night stand s'était déjà évaporé dans la chaleur de la nuit.
- Elle est en retard et elle ne pourra donc pas aller au club de Gym aujourd'hui, et ce n'est pas comme ça qu'elle va se trouver un prince charmant qui lui assurera ses vieux jours - ou tout du moins une pension de divorce substancielle.

La liste est évidemment non exhaustive. La New-Yorkaise est cariériste, frivole, superficielle, mais tendue.

Frenchie, si la New-Yorkaise te tente toujours après ceci, il te reste à passer l'épreuve ultime, si tu t'es bien débrouillé, de la soirée en tête à tête avec la douce. La douce n'a pas le charme désuet de l'Européenne bien élevée, et peut très bien envisager de te demander d'emblée combien tu gagnes, histoire de savoir si elle rentabilise son temps en te parlant - peu lui importe alors la couleur de tes beaux yeux. Il te faudra également éprouver une certaine forme de comique de répétition qui fait grincer les dents, donne des sueurs froides et fait monter des pulsions meurtrières dans les ames les plus pures. Car la New-Yorkaise n'est pas capable d'aligner deux phrases sans lacher un 'ya know', 'I mean', 'it's like, er…... qui donne envie de lancer sur un ton sans réplique 'ya know, it's like I want you to shut up.
I mean to stay still and not say anything stupid, Okay ?'

Il faut donc du courage et des nerfs d'acier au Frenchie tout frais émoulu de son avion pour se lancer dans une croisade de Date à l'Américaine. L'abordage est facile, l'accroche l'est moins, le résultat est incertain.

L'Americaine Dream s'estompe aux première lueurs du jour, à l'heure ou le noceur plie bagage et ou la Dame plonge une main sous son lit pour y pêcher la paire de chaussure qu'elle va pouvoir porter aujourd'hui, non, pas les Prada, avant de sombrer pour quelques heures supplémentaires dans un sommeil qui ne sera point troublé par le cri strident du réveil, et qui la mettra définitivement en retard pour la journée. Ou elle aura des poussières plein les yeux, qu'elle ne pourra pas chasser.

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