Combien, combien êtes vous vraiment dans notre beau royaume de France et de Navarre, a rêver, les yeux rives sur la ligne bleue de l'Atlantique, a un avenir plus radieux cote bannière étoilée ? Combien a penser que cote américain, l'air est plus pur, les couleurs plus vives, la vie même plus intense ?
Et quel prix etes vous prets a payer pour gratter a la porte, gratter la surface et humer l'asphalte new yorkais pour dire enfin, j'y suis ?
Quand la tele francaise s'y frotte, j'en reste pantoise. Ces francais prets a tout, y compris la clandestinite, pour vivre le reve americain ? Excusez du peu, mais vivre dans une collocation au fin fond d'une banlieue, etre paye en cash trois clopinettes, et ramer pour payer son loyer, croiser les doigts en esperant ne jamais se casser une jambe ou attraper plus qu'un rhume, tendre le dos a la seule mention de l'USCIS, et n'etre pas plus reconnu qu'un wetback, vraiment ? Avoir le meme statut qu'un latino qui sert de l'eau aux touristes dans un restaurant et y fait la plonge le soir ? C'est ca qui vous fait rever ?
J'ai du mal a comprendre. Vous qui vivez dans un pays ou la securite sociale est reine, ou on est chouchoute a souhait, qu'est ce que vous croyez trouver en descendant de votre avion ? Un avis d'expulsion qui va durer 10 ans ? C'est apres ca que vous courrez ?
Le reve de gosse qui se heurte au controle des flux migratoires est une claque de realite dans les dents.
Que ceux qui veulent renoncer a voir leur famille, leurs amis, a tourner definitivement une page levent le doigt. Car, oui, ceux qui fuient sont la aussi. Un ailleurs toujours plus beau, plus engageant. Ceux la ne seront bien nulle part. Je repete : ceux la ne seront bien nulle part. On ne resout pas un mal etre existentiel en passant une frontiere.
Mais que ceux qui pensent que c'est si facile, en somme, puisque des faux papiers coutent moins de 100 dollars, alors pourquoi pas ? Pourquoi pas, oui. Si on a bien digere qu'on ne passera plus la frontiere pour sortir des Etats Unis que pour ne jamais y retourner ensuite pendant dix ans. DIX ANS. Et ils sont prets a laisser tout tomber pour ca ?
Ce reve la est un miroir aux alouettes et des emmerdes a n'en plus finir. Sauf si, bien sur, on est la pour craner moi je l'ai fait, comme ces deux minettes parisiennes jusqu'au bout des ongles du reportage d'Envoye Special qui veulent tellement vivre ca, etre dans la carte postale. On sent bien que ces deux la, le jour ou ca flanche un peu, appeleront papa en France, le menton tremblera au telephone, et papounet enverra un bon gros mandat postal pour que choupette puisse rester s'eclater et vivre son reve americain sur le dos du salaire du paternel, avant de rentrer pour craner un peu plus a Paris, parce qu'elle l'aura fait, elle. Elle aura eu le frisson de l'illegalite, de l'aventure avec un grand A a raconter aux copines en rentrant en disant que c'etait tellement mieux la bas et on l'ecoutera en se disant que c'est une heroine.
Cette heroine la, cette drogue du reve americain, je la trouve bien triste, moi. Elle ne me fait meme pas rire. Idem pour ceux qui sont prets a sacrifier des ideaux pour une carte verte, et se retrouvent en costume trois pieces et meringue blanche assortie dans les allees boisees de Central Park un jour de pluie pour se bricoler les souvenirs d'un mariage blanc casse d'avance.
Oui, mais moi, j'y suis allee en vacances, et j'ai vu, tout est si facile la bas ! Oui. New York, entre autres, est une ville facile quand on a les moyens d'y vivre. Et rien, rien ne me preparait a ce que j'ai vecu en m'expatriant, pas meme les vacances que j'avais pu passer sur place avant. Le loyer que je n'ai pu payer qu'a la derniere minute, l'incomprehension au bureau, l'administration a n'en plus finir, aussi. Et j'etais legale.
Est ce que ca reste possible malgre tout ?
Mais oui ! Certains arrivent, a force de pedaler, a sortir la tete de
l'eau, a creuser leur trou, a se faire un nid, aussi. Et c'est tant
mieux et tant pis a la fois. Ils entretiennent l'illusion que tout est
possible ici, qu'on peut etre regularise.
Alors je me repete : a quel prix ? La folie de s'etre senti vivre intensement, et maintenant de se laisser mourir a petit feu, a la gloire d'une herbe plus verte ?
Bonjour Dolce. Décidément, ce n'était pas votre jour ! Je vous ai connue plus optimiste à votre tout début ! Mais c'était il y a tant d'années à présent...Il n'y a pas pire qu'un amour ou un rêve déçu, vous en savez quelque chose. Vous avez raison dans les grandes lignes...quoique ! Cependant, les jeunes ont besoin de rêver quitte à se frotter un peu durement à la réalité. Beaucoup de personnes juvéniles détestent le triste socialisme ambiant actuel ! Pourquoi ne pas aller voir si la femme du voisin n'est pas plus belle ? Laissez flotter les rubans, la jeunesse a besoin d'horizons. Inutile de la décourager d'avance, elle ira voir quand même...Je ne vais pas vous dérouler mon C.V. personnel, mais il pourrait vous démentir sur plusieurs points ! Amitiés et Sursum Corda, comme ils disaient à l'église.
RépondreSupprimer...et, pour parler d'autre chose, çà me ferait réellement plaisir d'avoir des nouvelles de votre amie Mafalda, si elle vous lit toujours...!
RépondreSupprimerEh bien ..... C'est vrai que je t'ai connue plus optimiste ou plus joyeuse ! Je rejoins Serge sur ce coup, on a parfois envie de rêver et de penser que oui c'est peut-être mieux ailleurs.. L'incompréhension au boulot on l'a ici aussi, les loyers qu'on a du mal à payer on a connu ça aussi.. Ce n'est pas mieux ailleurs ça c'est vrai mais je ne sais pas si aujourd'hui c'est mieux en France. Certains connaissent aussi la galère, le travail avec un salaire de misère pour des heures et des heures de boulot sans pour autant avoir une réelle reconnaissance.
RépondreSupprimerMais parfois cela fait du bien de rêver et de penser que peut-être l'herbe est mieux ailleurs.. sans pour autant être dans l'illégalité (sur ce point tu as raison). Laissons un peu nos "jeunes" avec leurs rêves, leurs illusions et leurs espoirs.. On dit souvent qu'il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets..
Céline
Les commentaires de France 2 sur les Français de la Silicon Valley à l'occasion du voyage de Hollande ont dû conforter ton agacement. .Avez-vous entendu quelque part que le pourcentage de start-up qui survivent dans la SV est à un seul chiffre ?
RépondreSupprimerJe partage à la fois cette réaction face au reportage et les commentaires plus optimistes ci-dessus. Le reportage m'a aussi bien saoulé. New York est un rêve mais pas pour tout le monde. Il faut aussi que ça vaille la chandelle. Et avoir un vrai projet, être prêt à bosser beaucoup et risquer tout. Mais surtout, je ne prendrais personnellement JAMAIS le risque de rester illégalement. Etre interdit de territoire peut aussi, je n'ai pas cherché mais les Etats-Unis sont si stricts que ça ne m'étonnerait pas, avoir des conséquences sur ses (futurs) enfants s'ils veulent obtenir un visa un jour. Ceci étant dit, le climat en ce moment en France et la mentalité actuelle n'aident pas la nouvelle génération à croire en elle, inventer un nouveau mode de vie et réussir professionnellement. S'il faut partir à l'étranger pour évoluer et peut-être revenir en France avec plus de chances, d'expériences et de motivation, tant mieux !
RépondreSupprimerRafael
mynewyork.fr