De l'art de la conversation canine

L'americain aime bien compartimenter. Au parc a cote de chez moi : un enclos pour les petits chiens (moins de 12 kg en gros), un enclos pour les gros chiens (oui, deux dog runs histoire que le pitt bull du coin ne bouffe pas la Maia du coin tout de suite, c'est sympa quand meme), un enclos pour les petits enfants (moins de 3 ans), un enclos pour les moyens z'enfants (de 3 a 10 ans ?), un enclos pour les grands enfants (un terrain de basket et deux cours de tennis).

Et partout, un vernis lisse de savoir vivre tous ensemble : restons-groupes-tout-va-bien-se-passer.

Quand on croise un chien dans la rue, la premiere chose a dire ici n'est pas "bonjour" mais "(s)he is friendly" (ou pas). Histoire de savoir si le toutou en face peut sniffer le copain sans se faire bouffer (ou pas). Ensuite, si sniffage il y a, on en profite pour faire la conversation (ca evite de regarder deux chiens se sentir les fesses en meditant sur le sens de la vie).

Photo prise ici.

Dans l'ordre, on s'enquiert

1. du nom du chien qu'on oublie 5 secondes plus tard sauf s'il s'appelle Sir Henry Two Poops (la maitresse m'a explique que Two Poops avait ete ajoute au nom parce que... enfin bref vous voyez, et du coup, ce chien la, je m'en souviens. On s'appelle pas Sieur Henri Les Deux Crottes sans passer inapercu) . Et quand on recroise deux jours plus tard le meme chien, on se prend la honte du siecle en bafouillant un "hello there, nice to see you again".

2. de l'age du chien. Tout comme Susan, je suis epatee par la constance des americains a demander l'age du chien dans la foulee de son nom meme si je sais pas trop pourquoi.

On se sourit gentiment, on demele les laisses et on s'en va.

Quand on croise un maitre au bout de la laisse de son chien, s'il empeche son molosse bavouilleux d'aller sniffer voter chien, c'est parce qu'il est mal eleve (le maitre, parce que le chien, c'est pas de sa faute), ou bien parce qu'il a ete nourri depuis deux semaines a coup de yaourt 0%, et que pour un molosse c'est pas suffisant, du coup n'importe quel autre chien est une vision de viande fraiche, ou bien qu'il se trouve une fort belle voix et des dents splendides, et du coup, les affiche en se tortillant.

Mais XXIeme siecle oblige, on croise aussi le maitre pas implique : celui qui met son statut facebook a jour "Jenn is... walking the dog" et ne s'est pas encore rendu compte qu'il avait croise un pittbul et qu'il promenait plus que la laisse et un petit reste de poils autour d'un collier vide, ou bien qui promene desormais une crepe passee sous les roues d'un taxi (presque veridique : a la derniere minute avant hier le maitre a realise que Medor etait encore au milieu de la route pile au moment ou le taxi deboulait et a tire comme un dingue sur la laisse en engueulant son chien, pauvre chien).

3. On s'enquiert ensuite de la race du chien si on n'a pas mis une tarte au four juste avant de sortir promener, ce qui peut aller vite (c'est un pitt bull, facile, il a 4 pattes et le reste d'un bras dans la gueule) ou pas (Ca ressemble a un labrador mais c'est pas plus haut qu'un teckel et c'est adulte, c'est, c'est... un batard ? Ca ressemble a un yorkshire mais ca a des grandes oreilles et un corps un peu plus long et ca n'aboie pas, c'est une Maia. Ca a un corps de Jack Russel et une tete de chihuahua, c'est vraiment pas de bol)

Et en France, c'est pareil ??

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Volonte personnelle d'ecrire l'article entree en collision avec les lectures de Mafalda qui m'a conseille au meme moment un article du New Yorker : The Social Animal. Great minds think alike !

Note : je suis pas gentille avec les pitt bulls qui peuvent etre des super chiens, c'est juste pour l'article, hein. En general de toute facon, le probleme emane du maitre, mais c'est un autre debat.